Tim Cook n'a pas été élu « Personne de l'année 2014 » par le Time, mais il est le « plus grand leader mondial de 2015 » selon Fortune. Le CEO d'Apple devance Mario Draghi, Xi Jinping et le pape François. Il faut remonter à la 9e place pour trouver le second chef d'entreprise, Mary Barra de General Motors.
Le classement de Fortune distingue « les hommes et les femmes extraordinaires qui transforment les affaires, la politique, la philanthropie, et bien plus encore. » Tim Cook s'est vu décerner la palme en raison de l'action d'Apple en bourse qui bat tous les records, d'Apple Pay et de l'Apple Watch qui innovent, et de sa prise de parole publique sur son homosexualité (une première pour un CEO de Fortune 500), justifie le magazine.
Un titre honorifique accompagné d'un long article signé Adam Lashinsky, l'auteur d'Inside Apple notamment, qui a pu interroger le dirigeant sur son expérience à la tête d'Apple.
Tim Cook, qui s'est beaucoup exprimé dans les médias ces dernières semaines pour assurer la promotion de l'Apple Watch, ne fait pas de révélations fracassantes, mais donne quand même quelques nouveaux éclairages.
D'ailleurs, concernant la couverture médiatique, le CEO qui depuis le départ préfère la jouer collectif souligne son objectif de « médiatiser plusieurs personnes de l'équipe exécutive, ainsi que d'autres. » Jonathan Ive en a été le premier bénéficiaire, avec un très long portrait dans le New Yorker, entre autres. Lisa Jackson, en charge de l'environnement, a également été sur le devant de la scène à plusieurs reprises au cours des derniers mois.
Cette liberté médiatique (tout de même bien calibrée par l'équipe de communication) accordée aux cadres est évidemment utile à l'exposition de la marque, mais sert aussi à flatter les égos afin de les garder dans l'entreprise, analyse Jean-Louis Gassée, ancien dirigeant d'Apple, qui fait une analogie avec le théâtre : « Tim Cook est un vrai impresario qui prend soin de ses prime donne. Tant que le box-office est bon, l'impresario va faire comme ça. »
Le CEO sait aussi se montrer ferme quand il le veut. À propos des investisseurs, il ne cherche que des gens qui veulent investir sur le long terme, parce que les décisions stratégiques sont prises dans ce sens.
Si vous êtes un investisseur à court terme, vous avez évidemment le droit d'acheter et d'échanger des actions comme vous le souhaitez. C'est votre décision. Mais je veux que tout le monde sache que ce n'est pas comme ça que nous dirigeons l'entreprise.
Tim Cook s'était déjà montré tranchant vis-à-vis d'un actionnaire qui lui avait demandé lors d'une assemblée générale de ne mener des actions environnementales que si elles étaient rentables pour les investisseurs. Le dirigeant avait répondu qu'il faisait « beaucoup de choses qui [n'étaient] pas motivées uniquement par la rentabilité » et avait suggéré aux actionnaires qui n’adhéraient pas à ce discours de se séparer de leurs actions.
En parlant d'argent, Tim Cook n'est pas mal loti puisqu'il a perçu 9,22 millions de dollars d'émoluments en 2014 et qu'il possède pour plusieurs centaines de millions de dollars en stock option au cours actuel. Il a déjà fait des donations incognito, mais il envisage de donner de manière plus systématique et organisée que de simples chèques signés occasionnellement. Il compte même donner toute sa fortune après avoir financé les études de son neveu.
Il est aussi revenu sur un sujet encore plus personnel, son coming out à la fin de l'année dernière. « Très honnêtement, si je n'en étais pas venu à la conclusion que cela pourrait aider des gens, je ne l'aurais jamais fait, explique-t-il. Je ne prends aucun plaisir à exposer ma vie privée. »
Ding ! L'article ne pouvait pas ne pas aborder l'Apple Watch, d'autant plus quand Tim Cook reçoit sur son modèle Sport un message de son assistant le prévenant qu'Al Gore veut lui parler. Mais le journaliste ne dit pas s'il a répondu avec un emoji animé.