« Apple n’est pas parvenu à protéger les ouvriers chinois », dénonce la BBC. Au cours d’une enquête en caméra cachée réalisée sur les chaînes de montage de l’iPhone 6 pour l’émission d’actualités Panorama, la chaîne a pu observer de « graves manquements » au code de conduite mis au point par la firme de Cupertino.
Certains employés seraient mineurs, d’autres auraient été privés de leurs papiers, et tous travailleraient bien plus longtemps que prévu. « À chaque fois que je retournais aux dortoirs », explique un journaliste embauché sous couverture, « je ne voulais plus en bouger. Même si j’avais faim, je ne me levais pas pour aller manger. Je voulais juste m’allonger et me reposer. J’étais incapable de dormir à cause du stress. »
Si la méthodologie de l’émission peut poser problème, il n’en demeure pas moins que des faits similaires ont déjà été constatés par des ONG comme le China Labor Group. Apple avait nié à l’époque, et nie encore aujourd’hui : selon ses observations, son code de conduite serait bien respecté, les salariés de Pegatron travailleraient 55 heures par semaine en moyenne, et les heures supplémentaires seraient totalement volontaires.
Ce n’est pas ce qu’ont observé les envoyés spéciaux de la BBC, auxquels les heures supplémentaires ont été imposées, et qui ont pu voir des ouvriers tomber de fatigue sur les chaînes. « Nous travaillons avec les sous-traitants pour résoudre les problèmes […], mais notre travail n’est jamais terminé », admet tout de même Apple, qui assure qu’elle mènera l’enquête. À sa décharge, il faut rappeler que la firme de Cupertino a fait évoluer favorablement les conditions de travail en Chine et à Taiwan suite à la polémique autour d’un autre de ses sous-traitants, Foxconn.
La BBC a consacré une partie de son émission au problème des « matières premières de la honte », là encore en mettant l’accent sur la responsabilité d’Apple. Cette fois, l’angle est beaucoup plus contestable : le problème des filières d’approvisionnement se pose indifféremment à tous les acteurs du domaine, et Apple est à la pointe du mouvement conflict-free.
« [Nous] pourrions simplement refuser tout étain provenant de mines indonésiennes », réagit un porte-parole de la société, le reportage portant sur les mines de Bangka. « Cela nous simplifierait la vie et nous protégerait de la critique. Mais ce sera paresseux et lâche, car nous ne ferions alors rien pour améliorer la situation. Nous avons choisi de rester impliqués et d’essayer de changer les choses sur le terrain. »