Tim Cook et le révérend Jesse Jackson se sont rencontrés lundi, indique USA Today. Le patron d'Apple et le militant pour les droits civiques, qui partagent une admiration pour Martin Luther King (lire Tim Cook fait son coming out : « Je suis fier d’être gay »), ont discuté de questions d'intégration et probablement aussi des conditions de travail chez des sous-traitants américains utilisés par Apple.
« J'ai été impressionné par la personne et le dialogue que nous avons eu » a expliqué Jesse Jackson à propos de son interlocuteur « Il a une véritable vision pour Apple et il sait la valeur que peut représenter l'intégration ». À la suite de quoi une porte-parole d'Apple a déclaré : « Apple est profondément attachée à la diversité au sein de notre entreprise et à la promotion des droits de l'homme dans le monde. Nous avons eu une réunion fructueuse avec le Révérend Jesse Jackson et nous apprécions sa contribution. Nous sommes impatients de travailler avec lui, nos employés, clients et autres parties prenantes alors que nous cherchons comment faire encore davantage sur ces questions. »
Il y a eu probablement un autre thème au menu de cet entretien privé. Jeudi, Jesse Jackson doit en effet participer à un rassemblement devant le siège d'Apple. Des représentants syndicaux et des salariés veulent mettre en lumière l'écart des richesses qui va croissant entre les habitants de la Silicon Valley.
Fin novembre, Jesse Jackson avait interpelé Tim Cook sur les conditions de travail de certains employés affectés à des postes de services : vigiles, agents d'entretien, etc. Des gens salariés par des sous-traitants d'Apple ou d'autres grands groupes de la high-tech, dont les revenus et les emplois sont précaires alors qu'ils travaillent au sein d'entreprises qui affichent des résultats plantureux.
Certains d'entre eux, qui se sont auto-baptisés "les Invisibles", avaient manifesté fin août dans un Apple Store de San Francisco pour revendiquer de meilleurs salaires [photos]. L'un de ces sous-traitants — S.I.S — est sous le feu de la critique. Tout comme Apple, Google s'était adjoint ses services mais il a rompu son contrat avec cette entreprise et annoncé en octobre qu'il allait créer sa propre équipe d'agents de sécurité. Elle bénéficierait des même avantages sociaux que les autres équipes du moteur de recherche.
Cette rencontre avec Tim Cook s'est faite en marge de débats organisés chez Intel sur la question d'une meilleure représentativité des femmes et des différentes origines ethniques dans le secteur de la high-tech. Tim Cook a fait de ces sujets un axe important de sa politique d'entreprise mais des progrès restent à faire. À la mi-août, Apple a publié quelques statistiques sur le profil de ses employés et mis en place une section sur son site. On y apprenait par exemple que 55% des 98 000 employés de la Pomme sont blancs, 15% asiatiques, 11% hispaniques, 7% noirs, 2% sont d'origine métissée. 30% de ces mêmes salariés sont des employéEs.
Une transparence encore incomplète puisqu'Apple fait de la résistance pour donner une analyse plus précise de cette répartition, en détaillant les profils de postes et niveaux de responsabilités occupés par telle ou telle catégorie. Pourtant les moyens de le faire existent. Les entreprises américaines peuvent fournir ces données avec le formulaire administratif EEO-1, rappelait lundi USA Today. Intel le fait depuis dix ans, Google, Facebook, Linkedin et Yahoo ont suivi, Twitter vient de le faire et Microsoft s'y est engagé pour la fin du mois.
Est-ce que cet embargo d'Apple cache une réalité moins flatteuse que ne laissent à penser les éléments assez généraux rendus publics jusqu'à présent ? C'est la théorie d'un universitaire, Vivek Wadhwa , spécialisé dans cette thématique, interrogé par USA Today. Il y voit plutôt pour le moment une opération de communication. On ne serait pas surpris qu'Apple lance une seconde salve sur le sujet dans les semaines à venir avec un assortiment de nouveaux chiffres, plus précis, et d'engagements à mieux faire.