« Vous avez un trou dans votre offre musicale actuellement, laissez-moi m'en occuper » a lancé Jimmy Iovine il y a environ deux ans à ses amis d'Apple. Deux ans avant que la Pomme ne se décide finalement à dépenser 3 milliards de dollars pour acheter Beats, ses casques, son service de streaming (la lacune en question) et ses deux fondateurs, Iovine et Dr Dre aux pieds solidement ancrés dans le milieu musical.
Interrogé par le mensuel GQ qui l'a nommé comme l'un des « hommes de l'année » dans son classement, Iovine parle de sa carrière. Lui qui est parti de rien pour finir par travailler avec quelques légendes (Les Beatles, Springteen, Eminem, U2, etc) et qui aujourd'hui occupe un poste sans titre très défini au sein d'Apple.
Dans cet entretien il revient brièvement sur ses efforts inlassables pour nouer une relation plus étroite avec Apple :
Je les ai convaincus qu'ils devaient acheter cette société. Je leur ai dit, "Je ne veux pas travailler pour quelqu'un d'autre. Je veux faire ça chez Apple. Je sais que je peux y arriver chez Apple. Je ne veux pas venir faire mes courses. Je veux venir ici, dans la société de Steve. Je vous connais les gars, je sais de quoi vous êtes capables, je sais que vous avez cette proximité avec la culture populaire. Vous avez un trou dans votre offre musicale actuellement, laissez-moi m'occuper de ça.
Iovine avait déjà expliqué, amusé, combien Apple pouvait parfois prendre son temps pour arriver à une décision. Il n'y a pas eu d'exception pour lui, pourtant ami de Steve Jobs. Puis Apple a jugé qu'il était temps de passer aux actes « Après la mort de Steve, et avec la montée en puissance du streaming, je voyais bien qu'ils avaient besoin de quelque chose. Beats Music était tout indiqué. ».
Plus loin dans l'interview, il insiste sur la nécessité pour les industries du divertissement et celles de la technologie de se rapprocher et se comprendre. Quels conseils donnerait-il aujourd'hui au Jimmy Iovine de 19 ans ?
Laisse tes conneries de côté et fais preuve d'ouverture d'esprit. Et puis je le pousserai dans une direction où il s'agirait de marier la technologie et le contenu. La plupart des entreprises de technologie sont culturellement ineptes, et la plupart des sociétés de divertissement sont technologiquement ineptes. On ne peut fonctionner comme ça. C'est tout. Il faut avoir cette ouverture, peu importe le soutien que vous avez reçu, peu importe l'argent que vous avez eu - vous ne pouvez pas être défini par votre seul succès. Oui, mes relations peuvent servir au vu des réussites que j'ai connues, mais je ne suis utile que par les idées que j'ai aujourd'hui et celle que j'amènerai demain. Sinon, je suis juste un trophée.
Pour l'heure, l'acquisition de Beats s'est surtout traduite par une mise en avant importante de ses casques dans les Apple Store, aux dépens de marques concurrentes comme Bose. Mais ce genre de rapprochements prend du temps à se traduire en nouveaux produits et nouvelles initiatives.
En attendant que l'iTunes Store se dote d'un service de streaming, ce sont surtout des rumeurs qui alimentent l'actualité Beats. La dernière en date, émanant du Financial Times, étant que l'application sera préinstallée dans iOS en mars prochain, accompagnée d'une baisse du prix de l'abonnement à 5 dollars mensuels. Reste que le service de Beats est toujours cantonné aux États-Unis, un détail qui va falloir aussi régler, alors que l'on attend toujours iTunes Radio depuis un an…