Les fonctions de chiffrement mises en place par Apple et Google pour protéger les données confidentielles de leurs utilisateurs sont de véritables casse-tête pour les officines en charge de la surveillance des activités délictueuses. Aux États-Unis, James Cormey, le directeur du FBI, a dit tout le mal qu'il pensait de ces initiatives… qui sont une des conséquences des révélations d'Edward Snowden sur le peu de considération de ces mêmes agences de sécurité concernant le respect de la vie privée des citoyens. Un retour de balancier difficile à encaisser pour les autorités, qui multiplient les mises en garde avec de gros sabots.
James Cole, procureur général en second (le bras droit de l'équivalent du ministre de la Justice des États-Unis), n'y est pas allé avec le dos de la cuillère lors d'une rencontre avec Bruce Sewell, vice-président en charge du département juridique d'Apple, et d'autres responsables le 1er octobre dernier. Après avoir lu une partie de l'engagement d'Apple sur la confidentialité selon lequel le constructeur ne peut accéder aux données stockées sur des terminaux sous iOS 8, Cole a affirmé sans rire que cela provoquera un jour la mort d'un enfant.
Le sous-ministre s'attend au pire des drames si la police ne peut plus utiliser les informations présentes dans un iPhone pour sauver un enfant ou arrêter un criminel, d'après le compte-rendu du Wall Street Journal. Bruce Sewell n'a pas manqué de pointer l'inexactitude de la déclaration de Cole, en rappelant que les policiers conservent à leur disposition des outils pour débusquer les criminels, comme les enregistrements téléphoniques que les opérateurs peuvent retracer; d'autres informations provenant d'iCloud ou d'autres services de stockage sont également accessibles car elles ne sont pas soumises au même niveau de chiffrement.
Et c'est sans compter l'imagination sans bornes des autorités : le ministère de la Justice américain a ainsi fait planer des « avions espion » se faisant passer pour des antennes cellulaires afin de récupérer des informations en toute discrétion. Lorsqu'il a été demandé à Apple la raison pour laquelle il était impossible de créer une porte dérobée qui permettrait à la justice de récupérer des données, Bruce Sewell a expliqué que le constructeur était dans l'impossibilité de « créer une clé que seuls les "good guys" pourraient utiliser ». Apple et le Department of Justice vont continuer à discuter de ces problèmes de sécurité.