Durant la séance de questions/réponses qui s’est déroulée après la Digital Conference du Wall Street Journal, Tim Cook a pu donner son sentiment sur le Mac, qui a connu un excellent troisième trimestre. Interrogé sur la comparaison que certains peuvent faire entre la situation actuelle sur le marché de la mobilité (iOS contre Android) et celle de la belle époque entre le Mac et le PC, le patron d’Apple a souligné une différence fondamentale : « Il n’y avait pas assez d’applications pour le Mac ». De fait, c’est l’écosystème qui apporte une grande partie de son intérêt à la plateforme iOS. La comparaison entre ces deux époques n’est donc pas « juste », défend Tim Cook.
iOS bénéficie d’un catalogue fort d’1,3 million d’applications. La plupart des développeurs conçoivent d’abord leurs logiciels pour le système d’exploitation d’Apple, avant de les porter sur Android et ce, malgré une part de marché largement en faveur de l’OS mobile de Google. « Nous avons vendu un quart de milliard d’appareils iOS l’an dernier. Je ne qualifierais pas cela de faible volume d’activité ».
Tim Cook a de nouveau qualifié de « remarquable » la croissance des ventes de Mac au dernier trimestre. « Nous pensons que le Mac a un brillant avenir » dans un marché du PC qui ne cesse de piquer du nez. À l’hôte de la conférence, le rédacteur en chef du WSJ Gerard Baker, le CEO a lâché une petite pique : « Est-ce que vous préféreriez diriger l’activité Macintosh ou n’importe quel constructeur de PC ? » Au vu du succès continu des ordinateurs Apple, la réponse est vite trouvée. « Je préfère diriger une entreprise qui innove », a t-il déclaré au fil de la conversation.
Sur l’optimisation fiscale, la recherche sur la santé et… la télévision
Tim Cook a également eu l’occasion de revenir sur quelques uns des sujets d’actualité, en plus du premier million de cartes bancaires enregistrées par Apple Pay, l’autonomie de l’Apple Watch ou encore l’explication sur l’arrêt de la commercialisation de l’iPod Classic. Il a ainsi expliqué qu’effectivement, Apple « avait du cash » et que le groupe en faisait profiter ses actionnaires : l’entreprise a racheté pour 45 milliards de dollars de ses propres actions cette année, une somme que Carl Icahn voudrait plus importante encore. « Je ne passe pas beaucoup de temps » à parler avec l’investisseur activiste, avec qui Cook a seulement eu deux ou trois entretiens. « Je suis d’accord avec lui pour dire que la société est sous-évaluée ». Pas un mot en revanche sur la contre proposition de Ralph Nader qui souhaiterait voir Apple investir ses dollars en trop dans l’augmentation des salaires en Chine.
L’optimisation fiscale à laquelle s’adonne Apple est dans la ligne de mire de l’Union européenne, qui a émis des « doutes » sur un possible « traitement de faveur » qu’aurait obtenu Apple en Irlande (lire : Bruxelles poursuit son enquête sur Apple et l'Irlande). Le pays a d’ailleurs annoncé la fin d’une astuce fiscale, le fameux « double Irish », qui permet d’éviter les taxes trop lourdes. Tim Cook reste fidèle à la ligne de défense d’Apple dans ce dossier : l’entreprise respecte les législations nationales, et elle paie déjà beaucoup d’impôts. Quant aux États-Unis, le code des impôts est bien trop long et complexe. Le lobbying d’Apple à Washington ne donne pas encore les fruits escomptés, mais les progrès dans ce domaine sont lents.
Sur un tout autre sujet, Tim Cook a indiqué qu’Apple ne se lancerait pas dans la « recherche sur le cancer » ou d’autres domaines qui n’ont pas ou peu de rapport avec ses activités. Il faut sans doute voir ici une flèche décochée contre Google qui s’est lancé dans ce domaine, notamment avec Calico, une société financée par le moteur de recherche et dirigée par Art Levinson (lire : Le président du conseil d'Apple dirigera une nouvelle société de Google).
Le CEO d’Apple a aussi rapidement évoqué l’Apple TV et le marché de la télévision en général, pour resservir à nouveau le constat qu’il avait établi durant son interview de Charlie Rose : ce secteur, aux États-Unis du moins, est resté bloqué dans les années 70. « Il y a beaucoup de choses à faire dans ce domaine », tout en soulignant l’initiative de HBO de couper le câble avec un nouveau forfait « tout internet » pour accéder à l’intégralité de ses programmes et séries TV.