Tim Cook a donné à Charlie Rose, intervieweur vedette du réseau PBS, une des plus longues et riches entrevues qu'ait jamais accordé le CEO d'Apple. En fin de semaine dernière, dans le premier segment de cette interview au long cours, Tim Cook annonçait, entre autres considérations sur Beats, l'Apple TV et Steve Jobs, des produits que la rumeur n'a jamais évoqué.
Dans cette seconde partie, le patron du groupe a évoqué l'activité d'Apple qui, au contraire d'autres sociétés, n'est pas de récolter des informations sur les utilisateurs pour les revendre ensuite aux annonceurs. Avec Apple, « vous n'êtes pas notre produit », affirme-t-il en référence à la fameuse maxime que l'on accole souvent à Google ou à Facebook : « Si c'est gratuit, alors c'est vous le produit ».
Nos produits sont cette montre, nos Mac et bien d'autres. Nous faisons marcher une entreprise très différente. Je pense que tout le monde doit se poser la question, comment les entreprises gagnent-elles de l'argent ? Suivez l'argent ("follow the money"). Et si elles engrangent de l'argent principalement en collectant des quantités de données personnelles, je pense que vous avez le droit de vous inquiéter.
Tim Cook ajoute qu'Apple ne « lit » pas les courriels et les iMessages, son but étant d'éviter de se transformer en « coffre à trésor » pour les organismes de sécurité nationaux (la NSA est visée). « Nous avons des milliers et des millions de consommateurs. Et il y a de très rares occasions où on nous demande des données. Une des raisons est que nous ne les conservons pas ». Il n'existe pas non plus de porte dérobée permettant l'accès aux serveurs d'Apple. En revanche, les gouvernements n'ont pas trouvé le « bon équilibre ». C'est le cas du président américain et de son administration, pointe-t-il.
Cette interview est aussi l'occasion pour Tim Cook de revenir sur quelques unes des impulsions qu'il a contribué à donner à Apple, particulièrement la diversité : « Traiter les personnes avec dignité. Traiter les personnes de manière égale. Que tout le monde bénéficie du même niveau basique de respect des droits de l'homme, peu importe la couleur de sa peau, sa religion, son orientation sexuelle, son genre. Que tout le monde mérite le respect. Et vous savez, je vais me battre pour ça jusqu'au bout ».
Il est revenu également sur les valeurs qui l'animent lui et Apple, en racontant comment, alors qu'il travaillait chez Compaq, aucun employé n'était motivé pour atteindre l'objectif fixé par l'entreprise d'atteindre le chiffre d'affaires annuel de 40 milliards de dollars (30,9 milliards d'euros). « Ce n'est pas quelque chose pour laquelle on se réveille le matin », s'amuse-t-il. Par contre, « changer le monde ? Voilà une chose pour laquelle les gens vont travailler. Et cela pousse les gens. Et donc, voilà qui nous sommes. Et ce sont des valeurs dans l'entreprise. Cela a été le cas depuis toujours. C'est à mettre au crédit de Steve ».
Plus légèrement, le CEO a donné son sentiment sur le cadeau (empoisonné ?) fait par Apple et U2 aux quelques 500 millions d'utilisateurs d'iTunes : « Certains ne vont pas aimer [l'album offert]. J'espère que tout le monde va l'aimer. (…) Ça a été génial de participer à quelque chose qui fait partie de l'histoire de la musique — un des plus importants albums jamais lancé. Mais le plus important était de donner quelque chose à nos utilisateurs ».