La bagarre féroce à laquelle se livrent Apple et Google est une excellente chose pour les consommateurs, estime Eric Schmidt. Le président de Google était chez Bloomberg TV pour assurer la promotion de son nouveau livre ("How Google Works", en précommande chez Amazon). À un moment de l'interview (vers 5 min 30), la journaliste lui parle de ces files d'attente autour des Apple Store américains qui ont accompagné la sortie de l'iPhone 6 le week-end dernier. Elle lui demande comment Apple parvient à provoquer de telles manifestations.
Réponse amusée, et sur l'aile, d'Eric Schmidt : « Je vais vous dire ce que je pense, Samsung avait le même produit il y a un an ». Un commentaire qu'il réitère une seconde fois lorsqu'on lui fait remarquer que Samsung n'avait pas déclenché de frénésie avec son propre lancement.
La mention de Samsung amène le débat sur la difficulté pour certains acteurs du monde Android à dégager des bénéfices suffisants, à l'opposé de ce qu'Apple arrive à faire. Pour Schmidt, l'objectif de Google n'est pas là, la stratégie est de générer du volume, de multiplier les ventes et la présence des terminaux Android.
Ce à quoi Jonathan Rosenberg, ancien VP de Google et coauteur de l'ouvrage, ajoute que cette approche assure un choix important en smartphones pour les clients et qu'elle contribue à baisser les prix. Pas sûr que les fabricants soient tous enchantés par cette volonté de raboter les marges, mais les deux hommes se placent évidemment du point de vue de Google.
Schmidt renchérit, en décrivant une « compétition brutale » entre Apple et Google autour d'Android et d'iOS Mais cela a « d'énormes avantages pour les consommateurs à travers le monde. Si vous regardez les innovations d'Apple et celles de Google, cette compétition, qui à mon sens est la plus représentative des batailles de notre industrie, profite à des milliards d'utilisateurs. ». Il insiste encore sur le sujet, décrivant une Apple et un Google lancés dans une course folle.
Apple est un adversaire sérieux sur les téléphones et même la cartographie, assure encore Schmidt, mais la Pomme reste un gros partenaire au vu de la place accordée au moteur de recherche de Google dans iOS (où Bing a toutefois pris sa place dans les réglages par défaut et pour Siri).
Cette bataille de Titans n'est pas seulement brutale continue Eric Schmidt, elle va crescendo. Pour une raison simple dit-il, les marges des opérateurs comme celles des fabricants de terminaux s'amenuisent considérablement. Les smartphones qui sont en vente aujourd'hui dans les pays émergents coûtent 100 voire 70 dollars seulement. Mais pour l'utilisateur final, ce n'est que bénéfices puisque ces téléphones, relativement performants, arrivent entre les mains de davantage de gens que par le passé.
La suite de l'interview aborde le cas de Yahoo : oui Marissa Mayer (13 ans chez Google) peut sauver le groupe ; la différence entre créer et entrer sur un marché (Google et ses pairs créent d'abord des produits qui ensuite seulement donnent naissance à des marchés, pas l'inverse) ; l'apport d'Internet à l'humanité (bénéfique car la nature humaine est fondamentalement bonne et l'homme saura exploiter ces outils de communication de manière positive, croit Schmidt) ; la perception négative de Google en Europe (un continent « qui doit changer son mode de fonctionnement pour continuer de peser à un niveau mondial).