C’était l’annonce surprise du jour : Apple et IBM lancent ensemble une offensive vers l’entreprise avec MobileFirst for iOS. Le partenariat entre les deux entreprises, à la longue histoire commune et chaotique, est d’importance car il va permettre aux terminaux mobiles d’Apple de s’intégrer dans le milieu de l’entreprise d’une manière que le constructeur n’aurait pu réussir seul. IBM a les reins, la politique commerciale et l’expertise technique suffisante pour définitivement imposer l’iPhone et l’iPad sur ce marché (lire : Apple et IBM signent un accord mondial autour d'iOS).
Tim Cook et Ginni Rometty, la CEO d’IBM, ont assuré le service après-vente en participant à plusieurs interviews, leur permettant d’aller un peu plus loin que le communiqué de presse ou le site web MobileFirst (très complet au demeurant). Le patron de la Pomme file, chez Re/code, la métaphore du puzzle : les pièces d’Apple et d’IBM s’emboîtent parfaitement. La relation entre les deux entreprises est saine, d’après Cook : « Nous ne sommes pas en concurrence sur tout. Et quand vous faites [ce genre de partenariat], vous finissez par construire quelque chose de meilleur que si vous le produisiez vous-même ». Une déclaration dont on goûtera l’ironie, venant du PDG d’une entreprise qui n’aime rien tant que contrôler la chaîne de bout en bout.
Ginni Rometty n’a elle aussi que des mots gentils pour son nouveau partenaire : Apple est « le standard pour les consommateurs ». Ensemble, les deux sociétés vont pouvoir répondre à la demande des grandes entreprises, ce qui créera de la valeur pour tout le monde, notamment en débloquant des situations difficiles dans le domaine du mobile. L’objectif est ici de combiner les solutions big data, analyses et informatique dans le nuage d’IBM avec la plateforme iOS d’Apple, si populaire (92 % des entreprises du Global 500 utilisent des iPhone et iPad), mais encore largement fermée à ce type d’applications. Apple profite largement du phénomène du BYOD (Bring your own device), qui autorise les employés à utiliser leurs terminaux personnels au bureau.
Les quelques 5 000 experts mobiles d’IBM auront accès à des ressources provenant de la meilleure source qui soit. L’entreprise, au travers de ses 100 000 consultants répartis partout dans le monde, vendra également des iPhone et iPad à ses clients professionnels. Ce partenariat d’une ampleur inédite pour Apple va notamment s’incarner au travers d’une garantie AppleCare spécifique et du développement d’une centaine d’applications (sécurité, analyse de données, gestion de flotte) fonctionnant majoritairement sur des solutions IBM (infrastructure cloud). Cela se fera sans toutefois supprimer de l’équation le propre nuage d’Apple qui servira comme à l’habitude aux besoins plus privés des utilisateurs. Les secteurs de la distribution, de la santé, de la finance et bancaire, du tourisme et du transport sont les premières cibles.
Les premiers fruits de cette collaboration seront visibles d’ici quelques mois : Apple et IBM orchestreront des démonstrations de ces services à l’automne. Les premières applications pratiques devraient elles être disponibles dans le courant de l’année prochaine.
« Nous sommes bons pour développer une expérience simple et pour construire des appareils », souligne Tim Cook. « Le type d’expertise industrielle dont vous avez besoin pour vraiment transformer l’entreprise n’est pas dans notre ADN. Il est dans celui d’IBM ». Pour reprendre une image un peu surannée, ce partenariat ressemble à un accord gagnant/gagnant pour les deux larrons.