La Russie demande à Apple et à SAP de dévoiler le code source de leurs logiciels afin de s'assurer que ces derniers ne cachent pas des portes dérobées permettant à des officines de gouvernements étrangers d'espionner les secrets russes. La semaine dernière, rapporte Reuters, le ministre russe des Communications Nikolai Nikiforov a rencontré le directeur général d'Apple en Russie, Peter Engrob Nielsen, ainsi que son homologue chez SAP, Vyacheslav Orekhov. La Russie souhaite protéger la confidentialité des données des utilisateurs du pays. Évidemment, cette « proposition » arrive à un moment particulièrement délicat pour la Russie, de plus en plus isolée suite aux événements en Ukraine et qui fait face depuis mardi à de nouvelles sanctions économiques.
S'il est difficile de ne pas voir dans le timing de cette demande une riposte du pays contre les États-Unis et l'Allemagne (SAP est basé à Walldorf), tous deux en pointe sur le dossier des sanctions, la Russie n'est pas la seule à réclamer une plus grande ouverture de la part des entreprises informatiques. Le Brésil, la Chine, l'Inde, l'Allemagne et d'autres encore revoient leurs pratiques à la lumière des agissements de la NSA révélés par Edward Snowden. C'est d'ailleurs ce qui motive le ministère russe des Communications : « Les révélations d'Edward Snowden en 2013 et les déclarations des services américains selon lesquelles la surveillance de la Russie s'était renforcée en 2014 ont soulevé de sérieuses questions de confiance envers les logiciels et matériels étrangers », a expliqué Nikiforov. Néanmoins, la plupart de ces pays ne vont pas jusqu'à demander de jeter un œil dans le code des logiciels.
En ce qui concerne la Russie, plusieurs entreprises ont par le passé accepté de lever le voile sur le code source de leurs logiciels; c'est ainsi le cas de Microsoft qui depuis 2003, travaille avec les services russes. En 2010, Redmond a ainsi fourni au FSB (l'équivalent russe de la CIA) un accès au code de Windows 7, Office 2010 et d'autres produits de l'éditeur. « Évidemment, les entreprises qui dévoilent le code source de leurs programmes ne cachent rien, mais celles qui ne veulent pas coopérer avec la Russie sur ce sujet peuvent cacher des fonctions dans leurs produits », poursuit Nikiforov. Une suspicion qui touche désormais Apple et SAP, qui n'ont pas publié de réaction officielle.
La Chine tente elle aussi de temps en temps de mettre la pression sur Cupertino. La dernière affaire en date, concernant les services de localisation d'iOS, a vite été réglée par une Pomme qui avait visiblement pris ombrage de la controverse (lire : Chine : Apple éteint la polémique sur la localisation). Plus récemment, le constructeur a répondu pied à pied aux « trouvailles » d'un chercheur en sécurité sur des portes dérobées.