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Bill Campbell : le « coach » d'Apple prend sa retraite

Mickaël Bazoge

vendredi 18 juillet 2014 à 08:05 • 5

AAPL

C'est dans son propre bar, le Old Pro à Palo Alto, que Bill Campbell reçoit les plus importants CEO de la Silicon Valley. Autour d'une bière et d'un panier d'ailes de poulet, le « coach » prodigue ses conseils aux capitaines d'industrie qui veulent bien lui demander son avis sur tel ou tel mouvement dans leurs entreprises. À un moment ou un autre, Steve Jobs a certainement fait partie de ces invités bien spéciaux : les deux hommes étaient de grands amis.

À 74 ans, l'ancien CEO d'Intuit a toujours bon pied bon œil. S'il continue de siéger comme président au conseil d'administration de cette société spécialisée dans le développement de logiciels de calcul d'impôts (une véritable industrie en Amérique du Nord), en revanche il a décidé de laisser son siège au board d'Apple. Celui-ci sera occupé par Susan Wagner, co-fondatrice de la société de gestion d'actifs BlackRock (lire : Avec Susan Wagner, Tim Cook féminise le conseil d'administration d'Apple).

À cette occasion Bill Campbell s'est remémoré quelques épisodes de sa relation fructueuse avec Apple et Steve Jobs pour Fortune. Campbell est un vieux routier de l'industrie des technologies. « Je ne sais pas coder en HTML, c'est sûr. Mais je coache [les patrons] sur la manière d'améliorer leurs entreprises ». L'homme a donné des coups de main à de nombreuses sociétés et personnalités de la Silicon Valley : Eric Schmidt, Evan Williams (Twitter), Jeff Bezos (Amazon)… Mais avec Steve Jobs, la relation était particulière.

Un compagnonnage de 30 ans

Les deux hommes, qui habitaient à Palo Alto, étaient voisins. Le fondateur d'Apple avait pour habitude, le week-end, de marcher jusqu'à la maison de Campbell, de frapper à sa porte, puis de s'asseoir près de sa piscine. En 1997, alors que Jobs venait tout juste de rempiler chez une Apple au bord du gouffre, « il est venu un jour, et nous nous sommes assis sur un banc près de la piscine », se rappelle-t-il. Soudain, Steve Jobs lui a dit : « Je voudrais que tu rejoignes le conseil d'administration d'Apple ». « La seule fois où j'ai eu une telle montée d'adrénaline a été quand on m'a demandé d'être administrateur de l'université Colombia. J'ai dit, sans hésitation, "bien sûr" ».

Bill Campbell est resté 17 ans comme membre du conseil d'administration d'Apple, une durée seulement égalée par Mike Markkula et… Steve Jobs. Mais la carrière du coach chez Apple débute bien avant. C'est par le biais de John Sculley, alors PDG de l'entreprise, qu'il devient vice-président du marketing en 1983. Il a ensuite pris la tête de la division Claris, qu'il a voulu à un moment introduire en Bourse, mais Apple a exercé son droit au rachat — cette entité est devenue par la suite FileMaker. C'est d'ailleurs durant ses jeunes années à Cupertino qu'il acquiert et développe son expertise en matière de conseil et de soutien; il a ainsi suggéré à Jeff Bezos de poursuivre sa carrière en tant que CEO d'Amazon, alors que le fondateur de l'entreprise de distribution voulait se contenter de la place de président du board.

Bill Campbell et Art Levinson.

En 1997 et durant plusieurs années, au conseil d'administration d'Apple, les relations étaient moins formelles qu'aujourd'hui, se rappelle-t-il. D'ailleurs, il n'y avait pas de président : lui et Art Levinson, l'ancien patron de Genentech, étaient considérés comme des « co-directeurs ». Steve Jobs occupa le poste de président d'Apple avant sa mort; c'est Art Levinson qui a repris ce rôle.

Pendant ces 17 années passées au conseil d'Apple, et même avant, il a vu Steve Jobs « émerger en tant que CEO en temps réel ».

J'avais une connexion avec lui. Je l'ai vu quand il était directeur général de la division Mac, quand il est parti et quand il a démarré NeXT. J'ai vu Steve passer du statut d'entrepreneur créatif à celui du gars qui doit faire tourner le business.

Cette relation privilégiée entre les deux hommes a permis à Campbell de saisir le mode de fonctionnement de Steve Jobs, sa manière de penser, son caractère parfois difficile. Lorsque Jobs était le boss d'Apple, les observateurs évoquaient « l'homme de Steve » quand ils parlaient de Campbell.

Mais malgré les bonnes relations qu'il pouvait entretenir avec le fondateur d'Apple, il y a eu tout au long de ces années de collaboration des moments plus tendus que d'autres, notamment lorsqu'il conseillait Eric Schmidt, l'alors CEO de Google (il en est depuis président) et alors membre aussi du conseil d'administration d'Apple. « Steve disait, "Si tu les aides, alors tu me feras du mal". Il me hurlait dessus. Je lui répondais « Arrête donc, je ne vais pas faire de l'HTML, je leur explique simplement comment mieux gérer leur entreprise. »

Tim Cool

Bill Campbell a également eu l'occasion unique de travailler avec Tim Cook. « Apple est une institution maintenant. Tim a fait un travail incroyable pour bâtir et renforcer l'organisation. Il y a de nouvelles personnes très brillantes qui sont désormais en charge. Vous êtes en train de voir l'entreprise grandir ». Des mots qu'il n'aurait pas pu avoir lorsqu'il est entré au conseil de la société en 1997… Il dresse le portrait de celui qui a pris les rênes il y a trois ans : « Tim est un gars calme et sérieux. Il étudie et réfléchit les choses, il prend sa décision, puis il passe à autre chose », explique-t-il.

Pour saluer le bonhomme, Cook a d'ailleurs proposé de faire une contribution en l'honneur de Campbell, quelque part où ce dernier a ses racines, en Pennsylvanie. Une proposition faite le matin de l'annonce de son départ. « C'est sa manière de faire, pour me dire au revoir, il fera quelque chose de chaleureux, une contribution à ma ville, à ma ville natale ».

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