Le maître d'œuvre de l'achat de Beats n'est ni Tim Cook, ni Eddy Cue. Comme pour toutes les autres acquisitions d'Apple, c'est Adrian Perica qui est à la manœuvre. Installé depuis 2009 à la tête du département fusion & acquisitions (M&A) d'Apple, cet ancien de la banque Goldman Sachs et de Deloitte a su rapidement se rendre indispensable, à en lire le long portrait que lui dresse aujourd'hui Bloomberg. Étant donné sa position stratégique et la discrétion dont il fait preuve — ce que l'on comprend au vu de la nature de son activité —, la moindre rumeur à son sujet se transforme rapidement en tsunami médiatique; en février, sa rencontre avec Elon Musk, le patron du constructeur automobile Tesla, a alimenté bien des fantasmes.
Adrian Perica, formé à l'Académie militaire de West Point et un temps dans les services de renseignements américains, a accompagné la boulimie d'acquisitions d'Apple. Ces 18 derniers mois, le constructeur s'est ainsi offert 24 entreprises, contre 2 seulement en 2009. Son rôle pour l'achat de Beats a été central, ce d'autant qu'il s'agit là de l'acquisition la plus importante de l'histoire d'Apple (le précédent record était de 400 millions de dollars pour NeXT, en 1997).
Âgé de 42 ans, Perica a été embauché après la tentative ratée d'Apple d'acheter AdMob (Google a emporté le morceau pour cette régie publicitaire). Jusqu'alors, le processus d'acquisition était soumis à la volonté de Steve Jobs, ce qui pouvait parfois poser quelques soucis étant donné le caractère bouillant du fondateur d'Apple. Perica a apporté son expérience du domaine en mettant en place des processus de décision rapides, efficaces, et professionnels.
Certains deals ont nécessité une équipe de plus de cent personnes supervisée par le patron M&A. Une somme de compétences qui a par exemple évité d'avoir à chercher conseils auprès des spécialistes de Wall Street pour conduire à son terme la grosse opération Beats. Perica déteste aussi acheter une entreprise plus que sa valeur réelle; les 3 milliards de Beats ont dû être pesés au trébuchet (lire : Beats Music ne coûte que 500 millions). Il serait également au coeur de l'approche d'Apple sur les marchés de la voiture et de la santé.
On sait peu de choses de l'homme en lui-même, si ce n'est qu'il se tient éloigné des projecteurs et qu'il occupe parfois la place d'Eddy Cue durant les matchs de basket du Golden State Warriors (le VP des contenus est abonné à l'année).