Le second procès Apple contre Samsung est l'occasion de jeter un œil sur les coulisses des deux entreprises. En ce qui concerne Apple, on a déjà eu droit à la feuille de route de 2011, ainsi qu'à un appel de Steve Jobs à mener une « guerre sainte » contre Google. Mais le constructeur de Cupertino n'a pas manqué de répliquer avec un document étayé, censé prouver la « copie servile » de Samsung sur l'iPhone et les concepts d'interface développés par Apple.
Dans ce document Copy Cat dévoilé par AppleInsider, Apple révèle qu'en juin 2009, la branche Europe du design Samsung a planché sur une alternative à la fonction « glisser pour déverrouiller » - celle-là même qui a été au coeur du témoignage de l'ingénieur d'Apple Greg Christie vendredi (lire : Apple v Samsung : la peur d'Android). Les designers du constructeur coréen ont imaginé une manière plutôt intéressante de se démarquer du fameux mécanisme d'iOS : en faisant « glisser » la page de verrouillage à la manière d'un livre, qui révèle alors la page d'accueil. Cette alternative a été déclinée en deux versions (sur le « coin » de la feuille, ou de haut en bas). Samsung a décidé de ne rien en faire et s'est simplement contenté de copier/coller la fonction d'Apple… sans vraiment y parvenir.
Pour illustrer l'échec de son système de déverrouillage présent sur le smartphone Amethyst, Samsung a commandé une étude portant sur un panel de 40 adultes dans la vingtaine, dont 67% ont possédé à un moment ou à un autre un mobile de la marque. Il en ressort que si le mécanisme mis au point par Apple se révèle souple et intuitif, celui de Samsung se révèle au contraire difficile à utiliser et peu clair. L'étude met également au jour rien moins que « 80 problèmes d'usage », ainsi que cet enseignement assassin : « [Les résultats d'Amethyst] sont faibles au niveau de l'intégrité artistique, la tolérance à l'erreur, l'efficacité et la simplicité ». Il en allait de même pour le Behold 3, distribué par T-Mobile, et qui souffrait du même problème de déverrouillage alors que sur l'iPhone, est loué le caractère intuitif du mécanisme. En mai 2010, le même genre d'étude donnait un taux de réussite de 74% pour la solution de Samsung, contre… 100% pour celle de l'iPhone. La solution préconisée par cette troisième étude : faire « à l'identique de l'iPhone, clarifier le standard de déverrouillage en glissant [une réglette] ».
Ce qu'il ressort de ce document, c'est que Samsung a semble t-il, cherché délibérément à copier l'innovation d'Apple dans le domaine du déverrouillage, alors que d'autres solutions, peut-être aussi élégantes ou « engageantes » pour l'utilisateur, s'offraient à lui. Les nombreuses études, réalisées auprès de propriétaires de smartphones de la marque, n'ont eu de cesse que de pousser l'entreprise à copier Apple tout en abandonnant en cours de route ses propres idées qui auraient pu être pertinentes. La copie par incrément de Samsung a eu pour effet de brouiller les cartes : les médias non spécialisés ont ainsi commencé à écrire qu'il n'y avait finalement pas tant de différences entre l'iPhone et les smartphones Samsung - et pour cause. Mais il a fallu tout de même trois ans après la sortie du premier iPhone en 2007 pour voir Samsung documenter les raisons pour lesquelles il n'arrivait pas à faire aussi bien qu'Apple.
Le « glisser pour déverrouiller » fait partie des cinq brevets qu'Apple accuse Samsung d'avoir copié.