Des anecdotes sur les tensions qui sont nées entre Apple et Google autour de l'iPhone ont été publiées par Business Insider. L'extrait provient de l'ouvrage « Dogfight: How Apple And Google Went To War And Started a Revolution » de Fred Vogelstein, en vente depuis hier (en anglais, 11,38€ sur Amazon ou 12,99€ sur iTunes).
Andy Rubin avait vu sa société achetée par Google en 2005 avec Android dans les bagages, il en supervisait dès lors le développement. L'ingénieur avait travaillé chez Apple entre 1989 et 1992 puis General Magic, WebTV et Microsoft.
Vogelstein raconte que Rubin avait suivi une retransmission sur le web de la présentation de l'iPhone, depuis un taxi. Véhicule qu'il avait fait stopper pour être sûr de ne rien manquer. Ce qu'il vit, présenté par Steve Jobs, lui fit comprendre que le téléphone Android sur lequel Google travaillait allait devoir finir à la corbeille. Le lancement de ce concurrent de l'iPhone devait se faire à la fin de la même année.
Un ancien responsable de l'équipe Android a résumé à l'auteur la situation d'alors « Nous savions qu'Apple allait annoncer un téléphone. Tout le monde était au courant. C'est juste qu'on ne pensait pas qu'il serait aussi bien ». En comparaison, le terminal de Google n'avait pas du tout le même cachet « Ce qu'on avait faisait tellement années 90 » se souvient un ingénieur. Le téléphone en chantier fut donc remisé et l'équipe Android se remit au travail.
L'HTC G1 fut le premier terminal à utiliser Android 1.0, un OS pas encore au niveau de celui de l'iPhone mais suffisamment ressemblant pour provoquer la colère de Jobs. « Tout est une putain de copie de ce que l'on fait » aurait notamment lancé Jobs. Un type de propos qu'il réitéra plus tard, contre Samsung par exemple.
Le patron d'Apple aurait été en quelque sorte roulé dans la farine par le trio dirigeant de Google, dont l'un d'eux était au conseil d'administration d'Apple. Tous l'auraient assuré qu'Android serait différent de l'iPhone. Ce que Jobs a cru jusqu'au dernier moment, lorsqu'il a vu le vrai visage du nouvel OS.
Plusieurs modifications furent demandées. Une réunion en particulier fut particulièrement tendue, même si la teneur complète des propos n'est pas connue. S'y sont retrouvés Jobs et Forstall et, côté Google, Page, Rubin et Alan Eustace (responsable de l'engineering). Un cadre d'Apple, qui fut briefé par Jobs après l'entretien, a expliqué que les choses s'étaient envenimées au point d'en arriver à des attaques très personnelles.
Jobs a dit que Rubin était cuit, que sa manière de faire allait à l'encontre de l'innovation. Et c'est là que Steve a voulu humilier Andy, en disant qu'Andy essayait d'être comme lui de lui ressembler, d'avoir la même coupe de cheveux, les même lunettes, le même style.
Google accepta quelques changements dans son OS, comme le pincer pour zoomer qui n'arriva que plus tard ou le geste de déverrouillage de l'écran. Jobs n'a pas seulement dit à Google ce qu'ils ne pouvaient pas utiliser, explique l'auteur, mais aussi comment retirer certaines choses d'Android.
Rubin fut furieux de voir ses patrons obtempérer, pensant qu'Apple ne pouvait se prévaloir de certaines inventions. Il songea brièvement à démissionner. Après cette réunion, Rubin accrocha une affiche sur le tableau blanc de son bureau, sur laquelle était écrit « Steve Jobs a volé l'argent de mon déjeuner ».
À l'occasion d'une réorganisation en mars dernier, Andy Rubin a laissé la direction d'Android à Sundar Pichai (lire Une réorganisation de Google pour consolider le présent et assurer le futur). Il conserve aujourd'hui un titre de Senior Vice-Président sans affectation très précise. Il a laissé derrière lui un Android devenu le premier OS mobile au monde.