La presse française a finalement trouvé un accord avec Google, mettant fin à un bras de fer qui durait depuis plusieurs mois sur fond de chantage au redressement fiscal. Cet accord consacre pourtant Google comme le grand gagnant des négociations : la firme de Mountain View évite un paiement au clic, tandis que la presse française accroît sa dépendance au géant de l’internet.
Le président de la République, François Hollande, a rencontré une nouvelle fois le président de Google, Eric Schmidt, avant d’annoncer la signature de cet accord a minima à l'Élysée.
L’Association de la presse d’information politique et générale n’a pas obtenu un paiement au clic : Google s’est plutôt engagé à créer un fonds « pour l’innovation de la presse numérique » doté de 60 millions d’euros. Une broutille en comparaison du redressement fiscal qui attendait la société (près d’un milliard d’euros) et de ses bénéfices en 2012 (10,74 milliards de dollars).
Ce fonds doit faciliter les investissements technologiques et « la transition vers le numérique » des titres concernés, quoi que cela veuille encore dire en 2013. Un nouvel accord devra survenir lorsque ce fonds sera vide, une autre manière de dire que cet accord-ci ne résout rien sur le fond. Au moins bloque-t-il la création d’un nouveau droit voisin sur l’indexation.
Il est accompagné par une mesure qui permettra aux éditeurs français d'« augmenter leurs revenus en ligne en utilisant [la] technologie de publicité de Google ». Autrement dit, l’Association de la presse d’information politique et générale renforce volontairement sa dépendance à la publicité en ligne et particulièrement à celle fournie par Google.
Il ne s’agit ni plus ni moins que du scénario du pire qui avait été imaginé par le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne (Spiil), par la voix de son président Maurice Botbol :
« La presse est déjà totalement dépendante de Google au niveau de l’audience, si à cela on ajoute une dépendance économique, Google pourra décider de tout. »
Les contours de cet accord doivent encore être précisés. Il ne concerne que la presse d’information politique et générale, régionale ou nationale. Selon PCInpact, les sites people en sont donc exclus, mais pas les pure-players du Spiil, qui devraient pouvoir en bénéficier. La situation des sites spécialisés n’a pas encore été clarifiée.