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Oliver Reichenstein raconte la naissance d'iA Writer

Florian Innocente

samedi 14 avril 2012 à 08:04 • 26

Logiciels

iA Writer, signé Information Architects, est un éditeur de texte à côté duquel un TextEdit paraît complexe. Oliver Reichenstein, le co-développeur de ce petit logiciel - minimaliste, mais où le peu offert à l'utilisateur a été soigneusement soupesé - a expliqué sa philosophie à BusinessInsider. Cet outil a été téléchargé à 400 000 exemplaires, sachant qu'il coûte tout de même 6,99€ sur le Mac App Store et que d'aucuns pourraient trouver cela cher au vu des fonctions proposées. Mais il s'agit plus d'un outil pour écrivain et rédacteur qu'un énième traitement de texte pour rédiger une correspondance administrative.

Mais d'abord, pour qui n'a jamais lancé iA Writer, imaginez un éditeur de texte qui vous impose une seule police de caractère, une seule (grande) taille pour cette police et aucune véritable option d'enrichissement du texte (il supporte toutefois le balisage Markdown).

Pas de préférences non plus, mais un mode optionnel dit "Focus" pour mettre en lumière la phrase en cours de rédaction. Et si ce n'était pas assez, la largeur de la fenêtre de rédaction est fixe, mais on a le droit de l'ajuster dans sa hauteur. Enfin, plusieurs services de Lion sont supportés (Versions, plein écran, etc).

Pour reprendre une analogie, iA Writer est un "logiciel de machine à écrire". Il a des cousins comme Byword ou WriteRoom pour ne citer qu'eux (iA Writer et Byword sont assez prisés chez MacG pour la rédaction des articles).



Oliver Reichenstein est allemand, l'un de ses premiers logiciels remonte à l'époque du Dragon 32 (si vous êtes né après les années 70, cliquez ici). Il s'agissait déjà à l'époque d'un éditeur de texte, et pour caser le plus de caractères possibles à l'écran (d'une définition de 256x192), le développeur a conçu sa propre police et il gérait le texte comme du graphisme (iA Writer utilise aussi une police qui lui est spécifique).

Il a par la suite cherché à reproduire l'expérience de l'écriture avec une machine à écrire, mais avec les avantages du numérique. Son intérêt s'est alors porté et développé vers la typographie et c'est devenu l'un des piliers de son programme. Un programme qui ne devait pas se mettre en travers du chemin du rédacteur, mais au contraire s'effacer pour rendre cette activité d'écriture plaisante.

Pour Reichenstein, un éditeur de texte doit être un scalpel :

« Les éditeurs de texte actuels sont comme des couteaux suisses. Ils ont des modes brouillon, plan, page, vous pouvez faire toutes sortes de trucs sympas, mais la chose principale - l'écriture - est perdue.

Avec toutes les options de mise en forme, aucune ne marche comme prévu et lorsque, en tant que typographe professionnel, vous observez les choix des gens dans la sélection de la police, la hauteur de ligne, la taille, vous réalisez rapidement que les personnes qui écrivent ne sont pas censées savoir comment formater le texte.

Alors que beaucoup demandent ces fonctions et s'amusent à les utiliser, tout cela les éloigne en réalité de l'écriture. Une page type dans Word, avec du Times 12 pixels et une hauteur de ligne réglée sur 1 est un océan de distraction en soi, même si vous enlevez toutes les barres d'outils autour.



Un outil d'écriture professionnelle doit être comme un scalpel, pas comme un couteau suisse. Ce dont a besoin avant tout un écrivain, c'est d'un programme qui lui permette d'exprimer sa pensée.

Le principal problème avec les éditeurs de texte actuels c'est qu'ils ont été écrits par des développeurs. Les exigences relatives à l'écriture de code informatique sont similaires à certains égards, mais dans d'autres cas elles sont complètement différentes. Vous devez aimer écrire pour avoir une idée [de fonction, ndr] qui est réellement nécessaire. Vous ne vous rendrez compte de la justesse de ce que vous avez fait que si l'écriture est quelque chose que vous faites avec passion.

Les gens chargés de l'interface utilisateur sur Writer sont tous des écrivains passionnés et vous pouvez le sentir à l'utilisation du programme. Il est d'apparence agréable, mais sa vraie beauté ne se révèle que dans son utilisation. Il est très proche d'une machine à écrire mécanique, à l'exception qu'il ne donne pas mal aux doigts et qu'il y a tous les avantages spécifiques à l'écriture sur un support numérique. »


Cette simplicité dans iA Writer est le résultat de longs efforts et cela s'est traduit par quelques originalités dont Information Architect entend bien revendiquer la paternité. Le mode Focus par exemple a fait l'objet d'une demande de brevet. Il estompe tout le texte avant et après le passage en cours de rédaction.



Autres idées, le compteur de temps de lecture (à côté du classique compteur de signes) qui propose une autre unité de mesure de la longueur d'un texte. Ou encore, la barre-titre de la fenêtre et la barre inférieure qui disparaissent toutes les deux pendant la rédaction pour, là encore, ôter des éléments visuels inutiles et ne laisser que la page (au fond subtilement tramé pour créer un blanc cassé) et le texte.



Reichenstein se dit aussi surpris de retrouver un curseur bleu comme le sien dans la dernière version de Word. Un curseur dont la couleur et l'épaisseur ont été réfléchies, il sert de repère et se doit de se démarquer du texte. D'autres innovations sont prévues prochainement dans le mode lecture/rédaction, et elles feront également l'objet de dépôts de brevets.

Les auteurs d'iA Writer n'entendent pas sacrifier à cette sacro-sainte simplicité, quand bien même certains utilisateurs trouvent qu'elle va trop loin, avec l'absence d'options de formatage du texte ou le fait que la police soit parfois jugée comme trop grosse.

Les développeurs d'iA Writer ont en tout cas été repérés par Apple qui les a conviés à Cupertino pour les aider avec l'intégration d'iCloud. Pour Reichenstein, le fait que son application figure dans le classement des plus rentables depuis un an et demi a certainement un peu aidé…

NB : iA Writer existe aussi pour iPad/iPhone [1.5.1 – US – 0,79 € – iPad/iPhone – iOS 5 – Information Architects Inc.] et l'on peut synchroniser les fichiers entre Mac et iOS via iCloud ou Dropbox.
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