Depuis la fin de l’année dernière, Microsoft propose aux entreprises de leur mâcher le travail avec Copilot, son IA basée sur GPT-4. Copilot pour Microsoft 365 coûte 28,10 € HT par utilisateur par mois, en plus de l’abonnement à Microsoft 365 Business. Est-ce que ça vaut le coup pour les entreprises ? C’est la question qu’a posée le Wall Street Journal à plusieurs d’entre elles.
« Je ne dirais pas que nous sommes prêts à dépenser 30 $ pour chaque utilisateur de l’entreprise », répond Sharon Mandell, directrice des systèmes d’information chez Juniper Networks, une grande société d’équipements réseau qui expérimente Copilot depuis novembre.
L’apport du service apparait très contrasté en fonction des applications. Copilot fait l’unanimité en sa faveur dans Teams, où il résume des réunions terminées ou en cours, ce qui se montre utile pour les absents ou les retardataires. « Cela permet aux gens de se dire "tu sais quoi, il y a déjà dix autres personnes dans l’appel. Je vais passer celui-ci et je le rattraperai demain matin en lisant le résumé et en sautant directement sur les parties qu’il faut vraiment que j’écoute" », déclare Art Hu, directeur des systèmes d’information chez Lenovo.
Bien que ces résumés fassent gagner beaucoup de temps, ils doivent être pris avec un grain de sel. Une agence publicitaire rapporte le cas d’une synthèse de réunion où un certain Bob avait discuté de la stratégie produit. Problème, il n’y avait aucun Bob présent lors de l’appel et personne n’a parlé de stratégie produit.
C’est ce risque d’hallucination qui amène les premiers utilisateurs à éviter de faire appel à Copilot dans Excel. Autant il est facile de remarquer l’erreur sur le faux Bob, autant il est beaucoup plus complexe de repérer une bévue sur des statistiques issues d’un grand tableur.
Jared Spataro, le vice-président de Microsoft en charge des applications professionnelles, reconnait que l’intégration de Copilot dans Excel (qui a le statut de bêta) est moins poussée que dans les autres logiciels pour le moment.
Certains utilisateurs jugent également les fonctions liées à PowerPoint et Outlook décevantes, la faute à des approximations qui ne passent pas dans le milieu professionnel. Copilot a par exemple suggéré à un professeur de fixer une réunion à des horaires où il était indisponible ainsi qu’un samedi. Malgré tout, ce professeur en IA, Ethan Mollick, juge que le service est un ensemble d’outils assez impressionnant.
Chez Lenovo, en dehors de la fonction de transcription des réunions qui rencontre un franc succès, l’utilisation de Copilot a baissé d’environ 20 % pour la plupart des logiciels après un mois. Jared Spataro entend réduire ces abandons en intégrant davantage d’alertes et de conseils.
Après avoir visé les grandes entreprises en novembre (il fallait au moins souscrire 300 abonnements pour accéder au service), Microsoft a ouvert plus largement son IA le mois dernier avec l’offre Copilot Pro à 22 € par utilisateur et par mois disponible pour les particuliers.
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