Invité de la Goldman Sachs Technology and Internet Conference, Luca Maestri, le directeur financier d'Apple, a abordé plusieurs sujets autour de l'actualité récente (source audio) et du nouveau contexte politique américain.
Sur les produits d'abord et la relance des ventes d'iPhone (78,2 millions d'unités pendant le trimestre de Noël, une hausse annuelle de 4,57 %), Maestri a déclaré que les versions "Plus" dans la gamme avaient porté cette croissance. Apple avait tablé sur une demande plus forte pour le 7 Plus de par l'attrait de son nouveau capteur photo mais que cette demande s'était révélée plus importante encore qu'escomptée.
Sur plusieurs marchés émergents, Apple ne dispose que d'une part de marché à un seul chiffre, ce qui laisse espérer des possibilités de croissance très élevées. En Chine, où les résultats sont parfois contrastés d'une année sur l'autre (lire La Chine, le ver dans la pomme) Maestri s'est voulu rassurant comme l'est à chaque fois Tim Cook, en citant quelques chiffres : une croissance de 50 % enregistrée entre 2014 et 2016 et un chiffre d'affaires qui est passé, entre 2010 et 2016, de 4 milliards à 48 milliards de dollars. Et puis, il ne faut pas considérer les seules ventes de produits, le directeur financier a insisté sur les services qui représentent un fort potentiel en Chine pour Apple.
La musique est l'un de ces domaines recouverts par l'activité services, où la marque profite d'une situation enviable « Lorsqu'on additionne la vente de musique [que Spotify ne propose pas, ndlr] et le streaming depuis notre acquisition de Beats, nous sommes sans conteste les premiers dans la musique. »
Quant aux produits de type Apple Watch ou AirPods, pour les premiers la demande a été la plus forte enregistrée lors du dernier trimestre et les capacités de production ont toujours été un pas en arrière. Quant aux seconds, lorsqu'on les additionne avec les casques Beats, ils sont en train de former un pan solide de l'activité d'Apple.
Maestri a parlé ensuite des investissements en R&D qui vont en augmentant. La raison est double et toute simple :
Aujourd'hui, nous développons beaucoup plus de technologies fondamentales que par le passé où ce sont nos fournisseurs qui s'en occupaient — comme les développements autour des processeurs ou des capteurs. C'est quelque chose de très important pour nous parce que nous pouvons aller plus loin dans l'innovation, nous pouvons mieux contrôler la chronologie de sortie, le coût, la qualité. Nous considérons cela comme un excellent investissement stratégique.
Politique
Le président Trump veut des usines Apple américaines ? Oui mais ce n'est pas si simple. Maestri a expliqué qu'il serait difficile pour Apple d'augmenter le volume de fabrication de ses produits sur le sol américain « Principalement parce qu'aujourd'hui la chaine des fournisseurs pour l'industrie de la high-tech n'est pas installée aux États-Unis ». Ils sont quelques centaines d'intervenants et répartis aux quatre coins du monde.
Il s'est montré tout aussi dubitatif face à l'idée du gouvernement de taxer davantage les importations, une décision qui toucherait Apple de plein fouet alors que ses produits sont fabriqués presque exclusivement à l'étranger et que les États-Unis restent son premier marché.
Il nous est très difficile d'imaginer qu'une taxe aux frontières serait positive pour l'économie américaine. C'est une taxe qui finirait par peser sur le client final. Elle présuppose l'idée selon laquelle le dollar devrait être apprécié très différemment du niveau actuel, alors qu'il est déjà trop fort. Cela ne paraît pas une perspective positive [pour l'emploi et la compétitivité américains].
Et d'en revenir à la solution qui consisterait à produire davantage sur le sol national. Maestri a observé qu'il était pour l'heure « très, très difficile de spéculer sur les intentions de l'administration Trump. Un point sur lequel nous insistons auprès de Washington c'est que nous avons été un contributeur très important à l'économie américaine durant la dernière décennie. » Au travers d'investissements, d'embauches et de la création d'un écosystème autour de ses plateformes. « Il est très important de garder cela à l'esprit » a prévenu Maestri.
Dans l'hypothèse où Apple bénéficierait d'une imposition plus favorable, apte à encourager le rapatriement de ses capitaux conservés à l'étranger (de l'ordre de 230 milliards de dollars), Maestri a déclaré qu'en premier lieu cela « donnerait une flexibilité supplémentaire » à Apple dans sa politique de rachat d'actions et de versement de dividendes. Plus cette réforme fiscale arrivera tôt, plus vite Apple pourra entamer une nouvelle étape dans ce domaine.
Quant à utiliser cette masse d'argent pour financer de grosses acquisitions, il n'y a pas de changement dans la politique d'Apple, a expliqué Luca Maestri : « Nous avons toujours observé les opportunités qui se présentaient, quelles que soient leur taille. Ce n'est pas le montant du chèque qui compte pour nous ».
Source : Financial Times & 9to5mac