Au grand désespoir de certains de nos lecteurs, Apple s’est retirée du marché des moniteurs. Ce n’est pas que le marché manque d’écrans de qualité s’accordant au design des Mac, mais plutôt que feu le Thunderbolt Display n’était pas qu’un simple écran. Avec son câble (à deux embouts) cumulant alimentation et données, ses ports Thunderbolt et USB, ainsi que FireWire et Ethernet, sa webcam et ses haut-parleurs, c’était une véritable station d’accueil.
L’écran 5K UltraFine de LG n’a qu’un seul câble cumulant alimentation et données, une poignée de ports Thunderbolt et USB de dernière génération, une webcam et des haut-parleurs. Mieux : il a été conçu autour de la dalle « ultra haute définition » que l’on retrouve dans l’iMac Retina 5K, sous l’œil bienveillant d’Apple. Sur le papier donc, cet écran est un Thunderbolt 3 Display qui ne dit pas son nom. Et en pratique ? La réponse dans notre test de l’écran 5K UltraFine de LG.
Un écran « conçu pour les Mac »
C’est marqué dessus : l’écran 27MD5KA-B, autrement connu sous le nom de « 5K UltraFine », est un « écran conçu pour les Mac ». « Conçu par Apple », pourrait-on même dire, tant sa patte est présente : non contente de prévenir certains travers communs (les multiples couches d’emballage, le pied à monter, la grosse alimentation externe), elle a imposé certains aspects typiques de ses produits (l’organisation du carton d’emballage, le profil général de l’écran, l’absence totale de contrôles physiques). Avant de sortir du marché des moniteurs, la firme de Cupertino s’est assurée que ses utilisateurs auraient au moins un choix conforme à leurs attentes.
Reste que l’écran 5K UltraFine n’a pas l’élégance du Thunderbolt Display, ni même d’autres écrans de LG. Son apparence n’est pas épurée et minimaliste, mais exceptionnellement travaillée, quoique dans le sens d’une banalité extrême. Elle produit donc l’inverse des effets escomptés, diminuant la qualité perçue de l’écran, et l’empêchant de passer au second plan, d’autant que ses bordures sont nettement plus visibles que celles des écrans de la gamme UltraWide. La bordure supérieure l’est encore plus que les autres, car elle intègre une webcam et des micros.
C’est l’une des différences entre l’écran 5K UltraFine et l’écran 4K UltraFine, mais sans doute pas la plus importante. Non, la plus importante est beaucoup moins évidente : alors que les quatre ports USB-C de l’écran 4K UltraFine ne sont rien d’autre que des ports USB, l’un de ceux de l’écran 5K UltraFine est aussi un port Thunderbolt 3. L’écran 4K de 21,5 pouces doit donc se contenter d’un hub USB 2.0 à 60 Mo/s (mais peut être utilisé avec un MacBook début 2015 ou plus récent), alors que l’écran 5K de 27 pouces intègre un hub USB 3.1 Gen 1 à 500 Mo/s (mais est réservé aux seuls MacBook Pro fin 2016).
Plus qu’un écran, moins qu’une station d’accueil
L’écran 5K UltraFine n’a pourtant pas de quoi se vanter : sans deuxième port Thunderbolt, il ne peut pas prendre une place centrale sur votre bureau. Or il ne pourrait pas intégrer de deuxième port Thunderbolt… sans deuxième câble relié au Mac. C’est que l’affichage n’est pas loin de saturer la connectique : la transmission d’un flux 5K 10 bits à 60 Hz demande 26,54 Go/s, et ne laisse que portion congrue aux autres usages, a fortiori le passage d’un deuxième canal Thunderbolt dans le même câble.
On atteint — déjà — les limites du Thunderbolt 3, et l’utilisation de cet écran n’est pas aussi plaisante qu’elle pourrait l’être. Vous pourrez bien brancher un disque externe sur l’un des ports USB-C, mais les transferts dépasseront rarement 250 Mo/s, loin des limites d’un système RAID ou d’un SSD. Reste que l’on pourra toujours y brancher un disque de sauvegarde ou une clé USB, une imprimante ou des enceintes actives, ou même son téléphone pour le recharger (7,5 W à 1,5 A par port). À condition toutefois de posséder non seulement les bons câbles, mais des câbles de qualité, les modèles noname pouvant poser de gros problèmes.
Vous l’aurez compris : l’écran 5K UltraFine n’est pas une station d’accueil aussi capable que le Thunderbolt Display. L’USB-C et le Thunderbolt 3 lui offrent ses plus belles qualités, notamment la connexion à l’ordinateur avec un seul câble apportant une alimentation de 85 W en plus des données. Mais ils lui imposent aussi ses plus gros défauts, notamment le bridage des ports pour laisser place à l’affichage 5K, qui conditionne l’absence d’un port Ethernet par exemple (même s'il y a un adaptateur pour ça).
Un superbe écran
LG ne peut toutefois pas se réfugier derrière le Thunderbolt 3 pour justifier tous les défauts de son écran 5K UltraFine. Le fabricant coréen est entièrement responsable de la piètre qualité de la webcam soi-disant full HD, et du manque de fluidité des pivots et vérins. Mais au moins en est-il doté ! L’écran 5K UltraFine est autrement plus flexible que le Thunderbolt Display, d’autant plus qu’il peut être fixé sur une monture VESA, le pied se démontant sans outil en quelques secondes.
L’écran de LG peut gagner jusqu’à 11 centimètres de hauteur : il culminera alors à près de 58 cm, mais sera toujours partiellement occulté par un MacBook Pro 15 pouces placé sur le même plan. Il peut pivoter de 5 degrés vers le bas à 25 degrés vers le haut, de quoi minimiser les reflets sur sa dalle légèrement brillante, et de quelques degrés sur les côtés, de quoi compenser le niveau d’un bureau. Le pied, muni d’un revêtement anti-dérapant et pesant plus de 2 kg, assure une parfaite stabilité de l’ensemble.
Le moniteur 5K UltraFine est géré par le système comme un écran Retina — mieux, comme un écran Apple, dont la luminosité et le volume peuvent être contrôlés avec les touches du clavier ou la Touch Bar. Par défaut, l’écran de LG offre la même surface que le Thunderbolt Display (2560x1440 points), mais un affichage deux fois plus défini (5120x2880 pixels). La section Moniteurs des Préférences système permet toutefois de diminuer (1600x900, 2048x1152) ou d’augmenter (2880x1620, 3200x1800) la surface de travail, comme sur l’iMac Retina 5K. Appuyez sur la touche ⌥
en cliquant sur l’option À l’échelle, et vous « débloquerez » la définition native de 5120x2880, impressionnante quoique qu’inutilisable sans une vision superhumaine.
Dans tous les cas, l’affichage sera très proche de celui d’un MacBook Pro, si ce n’est virtuellement identique. Le rétroéclairage de l’écran de LG égale sans peine celui de l’écran du portable d’Apple, atteignant les 500 cd/m2 avec une belle uniformité sur l’ensemble de la dalle. Nos mesures réalisées à 250 cd/m2 font mieux que confirmer les spécifications du fabricant coréen : si le temps de réponse dépasse très légèrement les 15 ms, le contraste frôle 1300:1, et la dalle couvre 99,8 % de l’espace DCI-P3 avec un ∆E inférieur à 2.
L’écran 5K le moins cher du marché
Bref, l’affichage de l’écran 5K UltraFine est irréprochable, et saura s’accorder aux MacBook Pro et convenir aux utilisateurs les plus exigeants. Ce n’est pas une surprise : on sait la qualité de la dalle 5K de LG, que l’on retrouve dans l’iMac Retina, mais aussi dans les écrans Dell UltraSharp UP2715K et HP Z27q. Le premier vaut 1 499,90 €, le deuxième plus de 1 900 € ; les deux sont réservés aux Mac Pro et iMac récents, auxquels ils doivent être branchés avec deux câbles DisplayPort.
L’écran 5K UltraFine est le premier écran 5K compatible avec des ordinateurs portables, le premier doté d’un unique câble Thunderbolt aussi. Surtout, jusqu’au 31 mars 2017 et la fin de la promotion sur l’Apple Store, il vaut « seulement » 1 049 €. Si vous cherchez un écran « ultra haute définition » pour votre MacBook Pro flambant neuf, ne cherchez plus : LG propose la meilleure option au meilleur prix. Si par contre vous cherchez une station d’accueil complète et performante pour votre MacBook Pro flambant neuf, vous allez devoir encore attendre…