Les serveurs d’Apple ont chauffé ces derniers jours. En à peine deux semaines, la firme de Cupertino a sorti iOS 9, watchOS 2 et OS X El Capitan. Ils ont d’autant plus chauffé que le succès semble être là. Le taux d’adoption d’iOS 9 bat tous les records. Apple n’a rien dit sur El Capitan, mais ses débuts ont l'air également prometteurs (lire : El Capitan : déjà numéro 1 !).
Pousser l'utilisateur à faire ses mises à jour est une chose, le satisfaire en est une autre. L’année dernière, Apple a eu des ratés avec ses nouveautés logicielles. On se souvient d’iOS 8.0.1 qui bloquait l’accès au réseau cellulaire sur les iPhone (lire : Apple retire iOS 8.0.1 devant l'ampleur des bugs et enquête). Mais ce n’était qu’un épiphénomène. iOS 8 n’était sans doute pas parfait, mais n’a pas posé de problème majeur.
Pour Yosemite, les choses ont été d’entrée plus délicates. Il y avait son interface qui ne faisait pas forcément l’unanimité. Ce point n’est sans doute pas le plus important. Les changements de cet ordre au début sont souvent mal vécus. Il en allait de même pour iOS 7. Mais plus personne aujourd’hui ne regrette les interfaces chargées d’iOS 6.
Les problèmes gênants étaient plus d’ordre fonctionnel : réseau Wi-Fi instable, un nouveau serveur DNS susceptible de mettre la grouille sur votre réseau local (qui a contraint Apple à faire machine arrière), la nécessité de redémarrer son Mac fréquemment et plus généralement une sensation de lenteur même sur des ordinateurs récents (lire : Ces bugs d'iOS 8 et OS X Yosemite qui gâchent le plaisir).
Autant dire que les nouveautés introduites dans cette version comme l’annotation des pièces jointes dans Mail, Handoff ou les SMS sur Mac, ne pesaient pas lourd dans la balance. Apple a rectifié progressivement le tir, mais le mal était déjà fait. Yosemite a trainé son lancement raté comme un boulet (lire : Popularité en baisse pour Yosemite sur le Mac App Store).
El Capitan : le nouveau Snow Leopard ?
Avec El Capitan, Apple n’avait pas le droit à l’erreur sous peine d’éroder sérieusement la confiance de ses utilisateurs. Et elle a semble-t-il retenu la leçon. Dès les premières bêtas, les impressions étaient positives (lire : OS X El Capitan : une première bêta prometteuse). Les dernières bêta sorties en août donnaient l’impression d’être plus stables que Yosemite.
A l’usage, El Capitan donne la même impression que Snow Leopard : un système à la fois rapide et mûr. Pas de changements révolutionnaires, mais des nouveautés qui rendent la vie plus simple et des optimisations bienvenues.
Depuis quelques années déjà, Apple a repris à sa sauce le fameux tick-tock d’Intel. Le tick d'Apple, c'est l'incorporation de nouveautés radicales, soit dans un produit existant, soit par le biais d'un nouveau produit — avec les risques de fiabilité et de stabilité que cela comporte. Le tock, c'est la stabilisation de ces nouveautés (lire : « Ship first, fix later » : un monde en bêta).
Il va sans dire qu’avec iOS 9 et El Capitan, nous étions dans une année de tock ! Pour présenter OS X 10.11, beaucoup disent que c’est Yosemite tel qu’il aurait dû être dès le premier jour.
Mais l’heure de vérité pour Apple, c’est sans doute l’année prochaine. Arrivera-t-elle à proposer un niveau de qualité satisfaisant lorsqu’elle sera dans une année de tick synonyme de gros changements ?
Apple doit-elle revoir son cycle de développement ?
Apple reste sur un cycle de développement annuel là où ses concurrents, Google et désormais Microsoft, mènent des développements permanents. Windows 10 n’aura pas de successeur, mais sera développé en permanence à l’image de ce que fait Adobe avec son Creative Cloud. Android a droit à une nouvelle version majeure chaque année, mais évolue aussi significativement dans l'intervalle avec des mises à jour de Google Play Services et des applications, qui sont indépendantes du système.
Apple a encore une approche assez conservatrice des choses, quoiqu’il convient de nuancer le tableau. Si iOS et OS X font effectivement le plein de nouveautés une fois par an, ils comportent de plus en plus de changements qui n’ont rien d’anodin dans les mises à jour dites mineures.
Le changement de serveur DNS, le support universel du TRIM, Photos pour Mac ou encore l’intégration de Fusion Drive sont arrivés lors de mises à jour mineures d’OS X. Pareil pour iOS, qui a connu lors de mises à jour « mineures », une toute nouvelle application Musique, la gestion d’Apple Pay, un clavier Emoji ou encore CarPlay.
Avancer sur tous les tableaux tout en offrant cohérence et stabilité. Telle est la mission d’Apple. Mission qui va encore se compliquer avec l’arrivée de tvOS.
watchOS : un chantier inachevé
Ces différents systèmes sont à des stades de développement très différents. Si iOS et OS X sont des systèmes mûrs, que dire de watchOS 2.0 ? Cette version 2.0 fait tout juste penser à une version 1.0.
À une autre époque, si Apple était vraiment désireuse de sortir une montre, on n’est pas certain qu’elle serait encore sortie, car le produit n’aurait alors pas été jugé suffisamment bon.
L’Apple Watch est un produit aussi épatant que frustrant. Si la montre remplit parfaitement ses fonctions de base (centre de notifications, traqueur d’activité…), pour le reste, on a l’impression d’un chantier permanent.
Enfin, cette multiplication des plates-formes n’est pas sans poser des questions aux développeurs. À l’instar d’Apple, ils vont apprendre à devoir dire non. Entre OS X, iOS, watchOS et tvOS, ils vont devoir faire des choix. Et c’est peut-être l’une des difficultés d’Apple du moment. Comment faire en sorte que l’Apple Watch, l’Apple TV et l’iPad Pro disposent d’une logithèque solide ?