À quelques jours de son audition par le comité d’enquête du Sénat américain sur les pratiques fiscales d’Apple, Tim Cook a tenu à se défendre sur le sujet. Dans une interview accordé à Politico, le CEO d’Apple assure que la société « ne passe pas ses profits réalisés sur le territoire américain à l’étranger » et martèle qu’elle « paye des impôts sur tous les produits qu’elle vend aux États-Unis » et « paye chaque dollar qu’elle doit. »
Telle qu’elle est formulée, l’assertion de Tim Cook est sans doute parfaitement exacte : Apple optimise la fiscalité de ses bénéfices réalisés aux États-Unis… sur le sol américain. En 2012, Apple a été imposée à hauteur de 25,2 %, un chiffre bien en-deça du taux de 35 % qui est la règle : elle économise plusieurs milliards de dollars d’impôts par an en reversant une partie du produit de ses ventes à une filiale domiciliée dans le Nevada, un état à la fiscalité avantageuse (lire : Le secret de polichinelle de l'optimisation fiscale d'Apple).
Sans optimisation fiscale, Apple devrait payer plus, mais ce montage exploité par la plupart des grandes entreprises américaines est parfaitement légal. Elle paye donc bien chaque dollar qu’elle doit payer, soit 13,317 milliards de dollars en 2012 — mais pas un de plus.
Tim Cook s’est par contre bien gardé de mentionner les pratiques fiscales des filiales internationales d’Apple, et pour cause. Par des jeux complexes de vases communicants, la société n’est imposée qu'à hauteur de 1,9 % en dehors des États-Unis, encore moins que le spécialiste de l’optimisation fiscale Google (2,4 %).
La firme de Cupertino ne passe a priori pas d’argent américain à l’étranger, mais refuse à l’inverse de rapatrier ses bénéfices réalisés à l’international. Elle économise ainsi environ 35 milliards de dollars d’impôts et gagne même un peu plus d’un milliard de dollars d’intérêts, ce qui justifie qu’elle s’endette pour financer ses opérations boursières plutôt que de rapatrier son magot.