Dans le monde de la vidéo professionnelle, Avid occupe une place à part. Ses solutions logicielles, notamment son programme de montage NLE Media Composer et son logiciel audio ProTools, et hardware (des boitiers accélérant les calculs des rendus) sont largement utilisés par les deux plus gros secteurs de l’industrie : les studios hollywoodiens et les chaînes de télé « broadcast ».
Ce petit monde tournant autour de l’écosystème Avid travaille dans un environnement relativement clos, où l’on préfère la continuité et la sécurité, à la prise de risques de céder aux nouvelles modes et organisations de production. Attitude moins partagée par les studios de plus petite taille ou les monteurs individuels, plus prompts à se lancer dans de nouvelles expériences si cela peut leur faire gagner du temps et leur épargner des efforts.
Cependant, Avid se voit confronter à un problème de taille directement lié à ses concurrents : la baisse de prix des solutions NLE (Non Linear Editing, montage non linéaire) de la concurrence a obligé Avid à revoir également ses tarifs à la baisse. La bourse reflète cette évolution, avec une action d’Avid qui passe de 22 à 6 $ environ entre juillet 2011 et avril 2013.
Pour mémoire, Final Cut Pro X est sorti en juin 2011, forçant Avid (et Adobe) à proposer une offre à un prix suffisamment attractif (1 499 $ alors que le prix normal était de 2 499 $) pour tenter de récupérer les déçus du nouveau NLE d’Apple, car il était vendu à un prix incroyablement bon marché pour ce genre de NLE professionnel (299 $ / env. 300 €). Sans compter que les mises à jour de FCPX sont gratuites alors que chez Avid et Adobe, il faut repasser à la caisse à chaque mise à jour majeure.
Si Avid a annoncé que « de nombreux utilisateurs de FCP » avait profité de son offre, aucun chiffre précis n’a été fourni. Ce qui laisse le doute planer sur l’importance de cette migration, d’autant que les revenus d’Avid n’ont cessé de chuter, même après cette annonce. Ils sont passés de 929,5 millions de dollars en 2007 à 677,9 millions en 2011.
On entre ensuite dans un « flou artistique » : Avid n’a pas communiqué ses résultats pour l’année 2012 comme le règlement du NASDAQ l’y oblige, officiellement à cause de « problèmes comptables ». Elle a d’ailleurs reçu une lettre de mise en garde, menaçant l’entreprise d’être retirée de la cotation de la bourse américaine.
Le PDG d’Avid, Gary Greenfield, a démissionné en début d’année pour prendre ses responsabilités devant les difficultés financières que traversait l’entreprise sous sa direction. Pour essayer de diminuer ses pertes, la société est déficitaire depuis 6 ans, Avid essaye de revendre ses activités audio (M-Audio…) et vidéo non professionnelles, comme Avid Studio, Pinnacle Studio et l’application Avid Studio for the iPad au Canadien Corel (lire : Avid se sépare de ses activités audio et vidéo grand public).
De plus, le groupe s’est séparé de plusieurs centaines d’employés. Il y a peu de chances qu’Avid fasse faillite, mais sa situation financière risque d’inquiéter les gros studios qui, avant d’investir des sommes astronomiques dans des équipements et de solutions logicielles, ne tiennent pas à risquer de tout perdre dans quelque temps. De plus, une société qui se porte mal financièrement n’est généralement pas celle qui va investir le plus dans les nouvelles fonctions ou dans les dépenses de R&D.
Avid compte sur ses clients traditionnels, et espère en acquérir de nouveaux, pour améliorer ses revenus grâce notamment aux ventes/mises à jour de la nouvelle version de son NLE, Media Composer 7, qu’elle vient de présenter durant le NAB, le salon de la vidéo professionnelle qui se déroule actuellement à Las Vegas.
Media Composer a été proposé dès 1989 sur Mac II. Depuis, il existe aussi une version Windows. Pas de fonctions révolutionnaires qui feraient rougir les concurrents, mais une série de perfectionnements ou d’unification pour le nouveau Media Composer 7. Le logiciel n’est pas encore réellement « resolution independant » comme certains NLE concurrents, mais il offre désormais une fonction FlexFrame qui permet tout de même de travailler sur des vidéos 2K, 4K ou 5K avec une conversion en temps réel de l’espace colorimétrique et d’exporter en Full HD le montage.
Les clips reliés par un lien (clips AMA ou Avid Media Access) bénéficient de plusieurs améliorations. Ils peuvent désormais profiter des outils de gestion des médias auxquels avaient droit les clips natifs Avid (.xmf) et même apparaître dans la Media Tool. Ces clips AMA ont leur propre couleur permettant de les identifier facilement dans la TimeLine. Il est désormais possible de faire un glisser-déposer depuis le Finder dans Media Composer 7, et en maintenant la touche Option enfoncée, le NLE n’effectuera pas un import, mais créera un lien AMA. La fonction Dynamic media folders permet d’effecteur automatiquement et rapidement des tâches de gestion des médias AMA en tâche de fond. Enfin, il est possible de transcoder une séquence en ne l’effectuant que sur les clips AMA de celle-ci.
Les fonctions audio, un des points forts d’Avid, de MC7 ont été améliorées. L’affichage des waveformes audio est désormais beaucoup plus rapide. Une fonction Master Audio Fader permet d’appliquer un effet Fader à l’ensemble du mix, et plus seulement track par track. Avid a débuggé son Audio Mixer qui fonctionne désormais correctement. Une fonction provenant de Pro Tools permet d’ajuster le Gain audio pour chaque clip, indépendamment d’éventuelles corrections automatiques des tracks.
Des outils de corrections colorimétriques, précédemment disponibles dans Avid Symphony, sont utilisables sous la forme d’option payante dans MC7. Le NLE est compatible avec les LUT (Look Up Tables). MC7 gère le format AS-11 et AS-o2 pour les fichiers .XMF, permettant de placer des marqueurs qui resteront fixes pendant l’édition du clip. MC7 sait désormais gérer le format XAVC des caméras F5 et F55 de Sony. MC7 est compatible avec la version Mac d’Interplay Sphere, facilitant le travail collaboratif et les échanges à travers le monde entier via le Net, à condition de posséder également Media Composer Interplay Edition.
Enfin, Avid a encore baissé ses prix, et propose MC7 à 999 $ (env. 767 €), auxquels il faudra ajouter 1 400 $ pour acquérir également les outils de Symphony. La mise à jour à partir de la version 6.5 est vendue 299 $, et 399 $ pour une version ultérieure.
Ce petit monde tournant autour de l’écosystème Avid travaille dans un environnement relativement clos, où l’on préfère la continuité et la sécurité, à la prise de risques de céder aux nouvelles modes et organisations de production. Attitude moins partagée par les studios de plus petite taille ou les monteurs individuels, plus prompts à se lancer dans de nouvelles expériences si cela peut leur faire gagner du temps et leur épargner des efforts.
Media Composer 7
Cependant, Avid se voit confronter à un problème de taille directement lié à ses concurrents : la baisse de prix des solutions NLE (Non Linear Editing, montage non linéaire) de la concurrence a obligé Avid à revoir également ses tarifs à la baisse. La bourse reflète cette évolution, avec une action d’Avid qui passe de 22 à 6 $ environ entre juillet 2011 et avril 2013.
Pour mémoire, Final Cut Pro X est sorti en juin 2011, forçant Avid (et Adobe) à proposer une offre à un prix suffisamment attractif (1 499 $ alors que le prix normal était de 2 499 $) pour tenter de récupérer les déçus du nouveau NLE d’Apple, car il était vendu à un prix incroyablement bon marché pour ce genre de NLE professionnel (299 $ / env. 300 €). Sans compter que les mises à jour de FCPX sont gratuites alors que chez Avid et Adobe, il faut repasser à la caisse à chaque mise à jour majeure.
Si Avid a annoncé que « de nombreux utilisateurs de FCP » avait profité de son offre, aucun chiffre précis n’a été fourni. Ce qui laisse le doute planer sur l’importance de cette migration, d’autant que les revenus d’Avid n’ont cessé de chuter, même après cette annonce. Ils sont passés de 929,5 millions de dollars en 2007 à 677,9 millions en 2011.
On entre ensuite dans un « flou artistique » : Avid n’a pas communiqué ses résultats pour l’année 2012 comme le règlement du NASDAQ l’y oblige, officiellement à cause de « problèmes comptables ». Elle a d’ailleurs reçu une lettre de mise en garde, menaçant l’entreprise d’être retirée de la cotation de la bourse américaine.
Le PDG d’Avid, Gary Greenfield, a démissionné en début d’année pour prendre ses responsabilités devant les difficultés financières que traversait l’entreprise sous sa direction. Pour essayer de diminuer ses pertes, la société est déficitaire depuis 6 ans, Avid essaye de revendre ses activités audio (M-Audio…) et vidéo non professionnelles, comme Avid Studio, Pinnacle Studio et l’application Avid Studio for the iPad au Canadien Corel (lire : Avid se sépare de ses activités audio et vidéo grand public).
De plus, le groupe s’est séparé de plusieurs centaines d’employés. Il y a peu de chances qu’Avid fasse faillite, mais sa situation financière risque d’inquiéter les gros studios qui, avant d’investir des sommes astronomiques dans des équipements et de solutions logicielles, ne tiennent pas à risquer de tout perdre dans quelque temps. De plus, une société qui se porte mal financièrement n’est généralement pas celle qui va investir le plus dans les nouvelles fonctions ou dans les dépenses de R&D.
Media Composer 7
Avid compte sur ses clients traditionnels, et espère en acquérir de nouveaux, pour améliorer ses revenus grâce notamment aux ventes/mises à jour de la nouvelle version de son NLE, Media Composer 7, qu’elle vient de présenter durant le NAB, le salon de la vidéo professionnelle qui se déroule actuellement à Las Vegas.
Media Composer a été proposé dès 1989 sur Mac II. Depuis, il existe aussi une version Windows. Pas de fonctions révolutionnaires qui feraient rougir les concurrents, mais une série de perfectionnements ou d’unification pour le nouveau Media Composer 7. Le logiciel n’est pas encore réellement « resolution independant » comme certains NLE concurrents, mais il offre désormais une fonction FlexFrame qui permet tout de même de travailler sur des vidéos 2K, 4K ou 5K avec une conversion en temps réel de l’espace colorimétrique et d’exporter en Full HD le montage.
Media Composer 7
Les clips reliés par un lien (clips AMA ou Avid Media Access) bénéficient de plusieurs améliorations. Ils peuvent désormais profiter des outils de gestion des médias auxquels avaient droit les clips natifs Avid (.xmf) et même apparaître dans la Media Tool. Ces clips AMA ont leur propre couleur permettant de les identifier facilement dans la TimeLine. Il est désormais possible de faire un glisser-déposer depuis le Finder dans Media Composer 7, et en maintenant la touche Option enfoncée, le NLE n’effectuera pas un import, mais créera un lien AMA. La fonction Dynamic media folders permet d’effecteur automatiquement et rapidement des tâches de gestion des médias AMA en tâche de fond. Enfin, il est possible de transcoder une séquence en ne l’effectuant que sur les clips AMA de celle-ci.
Les fonctions audio, un des points forts d’Avid, de MC7 ont été améliorées. L’affichage des waveformes audio est désormais beaucoup plus rapide. Une fonction Master Audio Fader permet d’appliquer un effet Fader à l’ensemble du mix, et plus seulement track par track. Avid a débuggé son Audio Mixer qui fonctionne désormais correctement. Une fonction provenant de Pro Tools permet d’ajuster le Gain audio pour chaque clip, indépendamment d’éventuelles corrections automatiques des tracks.
Des outils de corrections colorimétriques, précédemment disponibles dans Avid Symphony, sont utilisables sous la forme d’option payante dans MC7. Le NLE est compatible avec les LUT (Look Up Tables). MC7 gère le format AS-11 et AS-o2 pour les fichiers .XMF, permettant de placer des marqueurs qui resteront fixes pendant l’édition du clip. MC7 sait désormais gérer le format XAVC des caméras F5 et F55 de Sony. MC7 est compatible avec la version Mac d’Interplay Sphere, facilitant le travail collaboratif et les échanges à travers le monde entier via le Net, à condition de posséder également Media Composer Interplay Edition.
Enfin, Avid a encore baissé ses prix, et propose MC7 à 999 $ (env. 767 €), auxquels il faudra ajouter 1 400 $ pour acquérir également les outils de Symphony. La mise à jour à partir de la version 6.5 est vendue 299 $, et 399 $ pour une version ultérieure.