Deiter Rams est dans l'actualité à plusieurs titres. Le designer allemand et son travail, dont l'influence chez Apple n'est plus à démontrer, font l'objet d'un ouvrage à paraître à la fin du mois et l'une de ses réalisations majeure, son système d'étagères modulables '606' fête ses 50 ans. Au fil d'interview il parle aussi de l'approche aujourd'hui d'Apple, où il a été convié à venir voir le labo des designers (lire Design : Dieter Rams invité discret d'Apple). Dans une interview au Telegraph il revient sur les traits communs entre son travail et celui des designers de Cupertino.
Jonathan Ive a préfacé l'ouvrage consacré à Dieter Rams prévu pour le 23 juin (Dieter Rams: As Little Design as Possible - ed Phaidon, 400 pages, anglais, 71€). Il y souligne la démarche de simplicité du designer allemand “Des surfaces qui n'avaient pas besoin d'être justifiées, audacieuses, pures, parfaitement proportionnées, cohérentes et sans complexité. Aucune partie ne semblait ni dissimulée ni célébrée, elles étaient juste parfaitement réfléchies et tout à fait appropriées dans la hiérarchie des détails du produit et de ses caractéristiques. D'un coup d'oeil on savait exactement de quoi il s'agissait et comment l'utiliser.”
J'ai toujours considéré les produits Apple - et les propos aimables de Jonathan Ive à mon sujet et sur mon travail - comme un compliment. Il ne fait aucun doute qu'il y a peu d'entreprises dans le monde qui comprennent et utilisent vraiment la force d'un bon design dans la conception de leurs produits et dans la gestion de leurs affaires.
Le premier exemple a probablement été celui de Peter Behrens et son travail pour la société allemande AEG, au début du 20e siècle. Il pourrait être considéré comme le fondateur du principe de l'identité de l'entreprise. Adriano Olivetti a suivi de près au vu de la manière dont il a transformé la société italienne de son père, Olivetti. Ayant pris conscience de cette rareté au début de ma carrière dans les années 1950, je suis désolé de dire que la situation ne semble pas s'être améliorée à ce jour.
J'ai toujours observé que le bon design ne peut normalement émerger que s'il existe une forte relation entre un entrepreneur et le responsable du design. Chez Apple cette situation existe - entre Steve Jobs et Jony Ive. Ce fut le cas chez Braun où j'ai toujours travaillé directement avec Erwin et Artur Braun ou, après leur départ, avec le président du conseil d'administration. C'est la même chose dans ma relation avec le fabricant de meubles Vitsoe où j'ai travaillé en étroite collaboration avec le fondateur Niels Vitsoe et, depuis sa mort, avec Mark Adams - sur une période couvrant maintenant plus de 50 ans.
Je suis toujours fasciné quand je vois les derniers produits Apple. Apple est parvenue à réaliser ce que je n'ai jamais pu réussir : utiliser la force de ses produits pour convaincre les gens faire la queue pour les acheter. Moi, j'ai eu à faire la queue pour recevoir de la nourriture à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est un sacré changement.
Je suis ennuyé par la dévalorisation du mot 'design'. Je me trouve maintenant un peu gêné d'être appelé un designer. En fait, je préfère le terme allemand de 'Gestalt-Ingenieur' (une sorte 'd'ingénieur de la forme', ndr) Apple et Vitsoe sont des voix relativement isolées qui prennent au sérieux cette discipline du design à tous les niveaux de leur activité. Ils comprennent que le design n'est pas seulement un adjectif à placer en face du nom d'un produit pour, d'une certaine manière, augmenter artificiellement sa valeur. Encore moins de gens paraissent comprendre que le design est une profession sérieuse; et que pour notre bien-être futur il faut que davantage d'entreprises prennent cette profession au sérieux.
Jonathan Ive a préfacé l'ouvrage consacré à Dieter Rams prévu pour le 23 juin (Dieter Rams: As Little Design as Possible - ed Phaidon, 400 pages, anglais, 71€). Il y souligne la démarche de simplicité du designer allemand “Des surfaces qui n'avaient pas besoin d'être justifiées, audacieuses, pures, parfaitement proportionnées, cohérentes et sans complexité. Aucune partie ne semblait ni dissimulée ni célébrée, elles étaient juste parfaitement réfléchies et tout à fait appropriées dans la hiérarchie des détails du produit et de ses caractéristiques. D'un coup d'oeil on savait exactement de quoi il s'agissait et comment l'utiliser.”