Intel a raté le virage de l’informatique mobile, mais veut sortir en tête de ceux de l’informatique vestimentaire et de l’informatique ambiante. La firme de Santa Clara avance en tout cas rapidement dans cette direction avec sa famille de processeurs Quark.
Ces nouveaux types d’informatiques requièrent des processeurs plus petits, plus économes et raisonnablement puissants — des qualificatifs qui décrivent parfaitement le Quark X1000, présenté en septembre dernier par Intel. Ses cœurs sont cinq fois plus petits que ceux des processeurs Atom et consomment jusqu’à dix fois moins d’énergie, tout en étant aussi puissants que les Pentium du début des années 2000.
Ce genre de processeurs permet à Intel de caser un véritable ordinateur… dans une carte SD. Un ordinateur nommé Edison, qui contient ainsi un processeur Quark bicœur, du stockage NAND et des puces Wi-Fi et Bluetooth. Tournant sous GNU/Linux et disposant d’une version spécifique de Wolfram, il peut par exemple être utilisé pour contrôler des appareils — pensez « Raspberry Pi », en beaucoup plus petit.
Edison, qui sera proposé aux développeurs cet été, n’est qu’un des designs de référence censés démontrer les possibilités de la plateforme Quark. Il fallait évidemment qu’Intel évoque une montre connectée, produit star de ce CES 2014 — mais pas n’importe quelle montre connectée, puisque celle d’Intel se veut complètement indépendante. Équipée de ses propres puces réseau et GPS, elle n’a pas besoin de se connecter à un smartphone pour notifier l’utilisateur de divers événements.
L’informatique vestimentaire ne se limite pas qu’aux montres connectées et Intel a ainsi présenté une étrange oreillette, elle aussi indépendante, capable de vous notifier du retard d’un participant à un rendez-vous ou de guider vos pas dans la recherche d’un restaurant. Bref, un assistant « intelligent » qui vous chuchote à l’oreille, comme le Jarvis d’Iron Man dont il reprend d’ailleurs le nom.
Intel a par ailleurs confirmé l’existence de son projet « Dual OS », une annonce éclipsée par celle de la volonté d’Intel de débarrasser tous ses processeurs des « matières premières de la honte ». Autrement dit, Intel ne se fournira plus en coltan/tantalite, tungstène, étain et or auprès de sources (principalement congolaises) dont la traçabilité est imparfaite et donc potentiellement entachée de sang.
Un objectif louable, qu’Apple cherche elle aussi à atteindre, mais la traçabilité de ces matériaux reste encore aujourd’hui très problématique. Si le gouvernement congolais revoit progressivement le fonctionnement du secteur minier du pays, la cascade de sous-traitants — mines artisanales, grandes sociétés d’import/export, myriade d’acteurs chinois — est toujours aussi opaque (lire : Apple et Intel rejoignent le mouvement conflict-free).