Début 2011, Realmac Software était très enthousiaste à propos du Mac App Store. Quelques jours après l'ouverture de la boutique, l'éditeur de RapidWeaver et LittleSnapper (devenu depuis Ember) annonçait déjà qu'il allait distribuer ses applications exclusivement via ce canal.
Trois ans plus tard, le discours est tout autre. Dan Counsell, le fondateur de Realmac, explique qu'il est préférable de ne pas vendre que dans le Mac App Store. On a vu à plusieurs reprises que les règles très strictes de sandboxing ont fait fuir certaines applications, et pas des moindres (GeekTool, Coda, BBEdit...). Mais ce n'est pas le propos de Dan Counsell qui donne des raisons commerciales.
Premièrement, il juge que la commission d'Apple de 30 % est trop élevée. « RapidWeaver est dans le Mac App Store depuis son ouverture et a généré un chiffre d'affaires supérieur à 2 millions de dollars. Apple a pris 600 000 $ de commission. Ouch ! » Autant sur iOS les développeurs ne peuvent pas faire autrement, autant sur Mac d'autres solutions existent. Pour RapidWeaver 6, l'éditeur a ainsi décidé de lancer son logiciel en dehors du Mac App Store dans un premier temps.
Les statistiques de vente et de trafic montrent l'importance du premier jour puis de l'email de relance envoyé aux personnes abonnées à la newsletter. Dan Counsell indique que la solution d'e-commerce qu'il utilise, FastSpring, a une commission bien moins importante que celle d'Apple.
Le deuxième argument est que vendre en dehors du Mac App Store permet de profiter des bundles. « Ember pour Mac a fait partie de quatre bundles différents au second semestre 2014. Nous avons enregistré 80 000 $ de recettes, et en plus cela nous a apporté de nombreux nouveaux utilisateurs », témoigne-t-il. En somme, ne pas participer à ces opérations spéciales, c'est se priver d'une source non négligeable de revenus supplémentaires. Apple permet depuis septembre de faire des lots d'apps, mais seulement sur iOS pour le moment.
Enfin, l'éditeur souligne que « quand on vend sur le Mac App Store, on ne connait pas ses clients ». Les développeurs ne peuvent toujours pas répondre directement à un commentaire dans la boutique, ni contacter l'utilisateur par email (Google Play donne la possibilité aux développeurs Android de répondre à un commentaire depuis mi-2013).
Il manque tout simplement une relation directe avec les clients du Mac App Store. Il n'y a pas de moyen d'envoyer un mail du genre « Hey, vous avez acheté X et nous serions ravis que vous jetiez un œil à Y, vous aurez même 20 % de réduction car vous avez déjà acheté quelque chose chez nous », regrette Dan Counsell. En fait, les utilisateurs du Mac App Store sont « les clients d'Apple, pas les nôtres », résume-t-il.
Pour autant, il ne conseille pas à ses homologues de retirer leurs applications du Mac App Store, mais de vendre via le plus de canaux possible. Si la boutique d'Apple a des inconvénients qu'elle traîne depuis son ouverture, elle a aussi des avantages incontestables, comme sa simplicité, sa sécurité et ses mises à jour automatiques. Pour ces raisons, une présence dans le Mac App Store est importante, notamment pour toucher les utilisateurs débutants.