Initialement basé sur le Peer To Peer, Spotify bascule son système vers une architecture plus traditionnelle de serveurs centralisés. Une évolution transparente pour les utilisateurs qui devraient au passage bénéficier à terme d'une formule d'abonnement familiale.
Actuellement disponible dans 61 pays, Spotify est l'un des plus grands services de musique en ligne, comptant 24 millions d'utilisateurs. L'entreprise suédoise, lancée en 2008, s'est appuyée sur le P2P - paradoxalement honni par l'industrie musicale - pour assurer son développement et une montée en charge à coûts plus réduits. Torrentfreak a appris qu'à l'avenir le service fonctionnera uniquement sur des serveurs centraux. « Nous éliminons progressivement notre technologie P2P qui a permis à nos utilisateurs de profiter de leur musique à la fois rapidement et de manière fluide » a confirmé Alison Bonny, la directrice de la communication de Spotify en Europe. Skype suit exactement le même chemin, à la fois pour simplifier la synchronisation de comptes entre les appareils d'une même personne et pour éviter de grever la batterie des clients mobiles, de plus en plus utilisés.
Le P2P a été le coup de pouce nécessaire au développement de Spotify. Il permettait de compenser le faible nombre de serveurs disponibles initialement pour garantir une latence minimale dans la distribution des morceaux demandés par les utilisateurs. L'un des architectes de ce réseau, Ludvig Strigeus, fut d'ailleurs auteur du client µTorrent repris par BitTorrent, avant qu'il n'aille travailler chez Spotify.
Dans une présentation datée de septembre 2011 [pdf], Spotify détaillait la provenance des données composant les morceaux écoutés par ses utilisateurs. Sur une semaine, moins de 15% des données étaient envoyées par ses serveurs (généralement le début des morceaux) puis le reste des morceaux était récupéré chez d'autres utilisateurs en P2P. Lorsqu'on lisait un titre, il était stocké en cache sur son ordinateur prêt à être relu immédiatement ou à participer à cet échange.
Le logiciel de Spotify sur l'ordinateur a comme politique d'utiliser 10% de l'espace de stockage disponible, dans la limite de 10 Go. À cette époque, 56% des caches locaux occupaient pas moins de 5 Go, une aubaine pour Spotify qui pouvait s'appuyer sur ces "serveurs" déportés pour fluidifier les échanges (les clients mobiles ne participent à ces échanges P2P). Toujours dans cette présentation (rappelons-le vieille de 3 ans), Spotify se vantait d'une latence moyenne de 265 ms contre 100 à 400 ms pour Google.
On peut voir cet abandon comme un pas en arrière, mais cela ne devrait rien changer pour l'utilisateur, assure Alison Bonny « Nous sommes maintenant à un stade où nous pouvons alimenter la distribution de musique grâce à nos nombreux serveurs et nous assurer que nos utilisateurs continuent de recevoir un meilleur service. »
Lors d'une autre discussion, plus récente, des responsables de Spotify avaient expliqué que cette bascule vers des serveurs centralisés leur faciliterait la tâche pour mettre en place, sur un plan technique, une offre commerciale familiale, un projet évoqué publiquement pour la première fois en mars 2012… Il manque en effet à Spotify une formule où, sur un même compte payant, plusieurs personnes dans un foyer peuvent profiter de leur musique indépendamment de ce qu'écoutent les autres et de leurs réglages de listes de lecture.
Rdio, l'un des concurrents de Spotify, disponible aussi en France, en propose un. Il s'articule autour d'un compte pour deux personnes à 17,99€ sur lequel peuvent se greffer jusqu'à 3 personnes en plus. Chacune, au lieu de payer 9,99€ (tarif de l'abonnement solo), n'en paye que la moitié. Spotify devrait certainement proposer quelque chose dans le même esprit.
Source : http://img.macg.co/2014/4/macgpic-1397731768-36597306176213-cr-op-news.jpg