Richard Stallman, apôtre du logiciel libre, a signé une tribune au vitriol dans les colonnes du Guardian. Il s’en prend aux développeurs qui « maltraitent » les utilisateurs : « Il y a eu tellement de cas de malwares propriétaires qui ont été rapportés, nous devons maintenant considérer que tout programme propriétaire est suspect et dangereux. Au 21e siècle, le logiciel propriétaire est de l’informatique pour les pigeons ». Les logiciels qui intègrent des DRM, ceux qui contiennent des portes dérobées, d’autres encore qui « imposent la censure », « certains développeurs qui sabotent explicitement leurs utilisateurs », tout cela est mauvais pour tout le monde.
Les premiers logiciels responsables, aux yeux de Stallman, de la prolifération des malwares sont les systèmes d’exploitation. Windows, OS X, iOS, Android, tous « fouinent » dans les données confidentielles des utilisateurs et les « enchaînent » au quotidien. iOS censure des applications et présente « une porte dérobée. Même Android contient un malware dans un composant non-libre : une porte dérobée pour forcer l’installation et la désinstallation à distance de n’importe quelle app », accuse-t-il.
Si des applications aussi basiques qu’une lampe-torche ou un lecteur de code QR sont susceptibles d’héberger des logiciels indésirables, le pire est représenté selon lui par les apps de streaming qui retracent et conservent les habitudes d’écoute et de visionnage de l’utilisateur. Même les smart TV, les logiciels des voitures, les GPS, et même des poupées connectées sont susceptibles de « suivre » un utilisateur. Le Kindle d’Amazon « empêche le lecteur de partager et même de faire don d’un livre, et il intègre même une porte dérobée digne d’Orwell pour supprimer des livres à distance ».
« Pouvez-vous avoir confiance en un internet des objets [fait de] logiciels propriétaires ? Ne soyez pas idiot ». Stallman, très remonté comme à son habitude, fustige des entreprises qui vendent du malware présenté comme des services aux consommateurs, alors qu’elles pourraient « proposer la plupart de ces services en version libre et [assurant] l’anonymat si elles le voulaient ».
Stallman propose de résister de trois manières : individuellement, en rejetant les logiciels propriétaires et les services en ligne qui surveillent les utilisateurs ; collectivement, en organisant et développant des systèmes libres et des services web qui ne tracent pas les utilisateurs ; et démocratiquement, en demandant la mise en place de législation criminalisant les pratiques liées aux malwares.