Apple a présenté les résultats financiers du premier trimestre de son année fiscale 2016. Courant de la fin septembre à la fin décembre 2015, il ne bénéficie pas seulement du lancement des nouveaux iPhone, mais aussi des fêtes de fin d’année. Il apparaît pourtant comme un trimestre contrasté.
Chiffre d’affaires et bénéfice
D’un côté, il s’agit du nouveau meilleur trimestre de l’histoire d’Apple, qui a dégagé un chiffre d’affaires de 75,872 milliards de dollars (+1,71 %) et engrangé un bénéfice de 18,4 milliards de dollars (+2,22 % ou 3,06 $ par action). La progression est faible, mais ce n’est pas une surprise : on pouvait s’attendre à une stagnation, voire même à une baisse, qui aurait été la première en treize ans.
Il faut au contraire saluer la performance : Apple aligne un nouveau « meilleur trimestre de l’histoire ». Un fait d’autant plus notable que les taux de change sont défavorables à la firme de Cupertino — 100 $ de ventes au T4 2014 « valent » aujourd’hui 85 $. Or la société réalise deux tiers de son chiffre d’affaires en-dehors des États-Unis.
Ventes de Mac
Il faut toutefois noter que les ventes de Mac régressent de 3,75 %, alors qu’elles avaient augmenté de manière spectaculaire ces deux dernières années. Apple a tout de même vendu 5,312 millions d’ordinateurs, mais Wall Street en attendait 5,8 millions. Il n’empêche que c’est suffisant pour continuer à grignoter des parts de marché sur les PC, dont les ventes diminuent plus fortement encore.
Ventes d’iPhone
Personne ne s’attendait à ce que l’iPhone fasse des miracles ce trimestre, et il n’en a pas fait : Apple en a certes vendu 74,779 millions, un nouveau record, mais ce chiffre ne progresse que de 0,42 % malgré les nouveautés et une vaste campagne marketing.
Les analystes sont hypersensibles aux chiffres de ventes d’iPhone, et pour cause : il représente plus des deux tiers de l’activité d’Apple. Or à mesure qu’il parvient à maturité, le marché du smartphone ralentit, et rien ne dit qu’un éventuel iPhone 5se ou qu’un incontournable iPhone 7 ne relance les ventes.
D’autant qu’Apple souffre, comme tous ses concurrents, de paramètres conjoncturels lourds. Luca Maestri, le directeur financier de la société, remarque ainsi un ralentissement de la croissance des ventes d’Apple dans des marchés aussi dynamiques que la Chine, Hong Kong, la Russie, et le Brésil.
Ventes d’iPad
Et ce n’est pas l’iPad qui va venir seconder l’iPhone : les ventes de tablettes baissent pour le huitième trimestre consécutif, très nettement d’ailleurs (–24,73 %). Elles peinent à atteindre 16,122 millions d’unités, un chiffre qui rappelle 2012.
Il faudra attendre le prochain trimestre pour observer l’effet de l’iPad Pro sur le taux de renouvellement de l’iPad, historiquement. En cela, il vaut sans doute mieux comparer l’iPad au Mac plutôt qu’à l’iPhone : on constate alors que les deux « types » d’ordinateurs d’Apple évoluent à pied d’égalité, l’iPad pesant 7,084 milliards de dollars et le Mac un peu moins de 6,75 milliards de dollars.
Services et autres produits
Les services ne sont pas loin derrière : ils représentent 6,056 milliards de dollars (–2,85 %), un chiffre qui inclut ce trimestre les 548 millions de dollars de dommages versés par Samsung (c’est une définition comme une autre du « service »). Les revenus de l’App Store ont augmenté de 27 % et le nombre de transactions de 18 %, deux chiffres record.
Mais ce chiffre est sans doute moins intéressant que celui des « autres produits », catégorie fourre-tout qui contient notamment l’Apple Watch. À 4,351 milliards de dollars, elle progresse de plus de 60 % pour le deuxième trimestre consécutif, une bonne indication du niveau de ventes de la montre connectée.
Bientôt 5 milliards de dollars pour l’Apple Watch et les casques Beats, plus de 6 milliards pour les services parmi lesquels Apple Music, 6 à 8 milliards pour l’iPad et le Mac… La stratégie de diversification de Tim Cook porte lentement ses fruits : Apple est l‘iPhone company comme elle n’a jamais été l’iPod company, mais ce n’est pas une fatalité.
Pour le deuxième trimestre
Reste qu’Apple s’attend à passer un deuxième trimestre difficile. En tablant sur un chiffre d’affaires compris entre 50 et 53 milliards de dollars, Luca Maestri annonce clairement que pour la première fois depuis 2003, les ventes de la société vont baisser (et sensiblement : entre 8,6 et 14 %). Sans s’engager sur des prévisions à plus long terme, le directeur financier d’Apple pense que ce deuxième trimestre devrait être le pire de l’année, avant un rebond et un retour à la croissance.
Aller plus loin
Les annonces effectuées à l’occasion de la conférence téléphonique qui a suivi l’annonce de ces résultats, sur MacGeneration et iGeneration :
- Un milliard d’appareils Apple connectés à iCloud et aux App Stores
- Tim Cook : la réalité virtuelle « n’est pas une niche »
Notez par ailleurs ces chiffres, donnés pêle-mêle par les dirigeants d’Apple :
- la société a « rendu » 9 milliards de dollars aux actionnaires ce trimestre ;
- ce qui porte l’ampleur de son programme de rachat d’actions et de versement des dividendes à 153 milliards de dollars sur les 200 prévus ;
- un dividende de 0,52 $ sera d’ailleurs versé le 11 février 2016 aux actionnaires de référence au 8 février ;
- mais la société « dort » quand même sur 216 milliards de dollars de réserves ;
- la quasi-totalité — 200 milliards — est détenue en-dehors des États-Unis, ce qui fait dire à Luca Maestri que la société sera « très active sur le marché des obligations » en 2016.