Plus qu'une semaine avant que l'iPad ne se retrouve entre les mains de ses clients. Une sortie qui pourrait dépasser en importance celle du premier iPhone. Avec cette tablette ce ne sont plus seulement les amateurs de produits Apple ou de gadgets qui surveillent son arrivée comme le lait sur le feu, mais des secteurs entiers comme la presse et l'édition, aux États-Unis, mais en France aussi. Des éditeurs d'applications salivent devant son potentiel et une guerre sourde a déjà lieu avec Amazon qui voit son Kindle pris dans la ligne de mire ou Adobe qui reste à nouveau devant une porte close, son Flash sur les bras. À J-7 de la sortie de l'iPad, seule une poignée de gens l'ont vu, touché et essayé quelques minutes seulement. Mais pendant l'attente, les grandes manoeuvres sont lancées.
Cela fait trois semaines que l'iPad est en précommande aux États-Unis. Apple, par le passé, n'ayant dévoilé des chiffres de vente qu'à l'issue du premier week-end, on ne peut que s'appuyer sur des confidences glanées par le Wall Street Journal. Le quotidien avançait que des centaines de milliers d'unités avaient été déjà réservées, avec comme scénario possible, de faire mieux que le premier iPhone, soit plus d'un 1 million d'exemplaires vendus en trois mois.
On pourrait alors revivre la même situation qu'avec l'iPhone où un produit Apple qui n'a été manipulé que par une poignée de journalistes, lesquels n'ont guère eu le temps d'en apprécier toutes les facettes, cartonne dès les premiers jours.
Plus dure sera la chute ?
Les critiques n'ont pas manqué autour de cette tablette. Certains questionnent son utilité même, coincée qu'elle serait entre des smartphones plus mobiles et des netbook ou des portables plus puissants et plus complets. L'absence du support de Flash serait un sérieux dos d'âne pour un appareil qui entend amener le web jusque dans le canapé.
D'autres pointent son équipement où font défaut webcam et port USB. Sans oublier que contrairement à un portable qui se suffit à lui-même, un iPad aura besoin de temps en temps de revenir à son port d'attache, PC ou Mac. iPad, animal nomade oui, autonome, non.
Dans le choeur des sceptiques, on pourrait également compter ceux qui trouvent l'appareil cher ou obligeant à un énième forfait pour utiliser sa version 3G, et ce, dans une période toujours marquée par la crise. Mais les résultats d'Apple le montrent chaque trimestre, elle évolue comme en lointaine orbite de ces contingences…
L'iPod et l'iPhone ont aussi essuyé des vagues de critiques à leur annonce, avec le résultat que l'on sait. Rien ne garantit toutefois que cet effet ricochet initié avec iTunes et l'iPod, poursuivi avec l'iPhone et l'App Store continue avec l'iPad. Personne à ce jour n'est devenu riche ou n'a marqué les esprits avec une tablette. Sur ce point, Apple va défricher un nouveau territoire. Mais elle ne part pas seule et c'est la grande différence avec le lancement de l'iPhone.
L'iPad, ce jeune héritier
Premiers avantages, l'iPhone et l'iPod touch ont éduqué des millions d'utilisateurs sur ce que l'on pouvait faire avec ces appareils. Le tactile, la distribution d'applications par iTunes, l'Internet partout tout le temps… Ensuite l'App Store est plein à craquer. Une partie du travail pédagogique n'est donc plus à faire, et ce n'est pas rien lorsqu'on lance un produit inédit. En regardant la publicité pour l'iPad tout est déjà familier, le terrain connu, si ce n'est que tout paraît plus grand, plus rapide, plus beau, plus confortable. La même chose que l'iPhone… en mieux.
L'autre sujet d'étonnement avec ces préparatifs d'avant lancement réside dans l'intérêt que ce produit suscite autour de lui alors, encore une fois, qu'il reste auréolé de mystères et de questions. Un espoir basé sur le désespoir grinceront certains : la presse papier va mal et se cherche de nouveaux supports, le livre numérique, lui, est en quête d'un champion à opposer à Amazon… Quels que soient les motifs, le résultat est là : l'iPad a déjà un comité de soutien tout disposé à satisfaire les besoins des clients (ou de leur en créer…) dans tous les domaines possibles. Le succès d'un produit technologique passe par la présence équilibrée de deux pôles, les fournisseurs (de contenus) et les consommateurs. Le premier pôle montre déjà une activité fébrile, pour le second, la bonne fortune d'Apple invite au moins à un (prudent) optimisme.
Ainsi, de grands quotidiens ou groupes de presse américains ont embrayé immédiatement derrière Apple pour adapter leurs contenus ou faire l'article des nouvelles possibilités offertes par la tablette à des annonceurs. Avec parmi eux des marques comme Coca-Cola, Toyota, FedEx prêtes à payer cher pour être les premières vues sur l'iPad.
Les chaînes semblent plus hésitantes à revoir leurs conditions tarifaires pour stimuler la vente de séries TV, mais du contenu télé et ciné, iTunes en a déjà.
Les principales maisons d'édition américaine ont aussi répondu présentes, trop contentes de trouver avec Apple un puissant allié pour renégocier avec Amazon les conditions de vente des livres électroniques. Des éditeurs de BD, eux, s'en remettent à des spécialistes comme Ave!Comics, Mobilire ou Panelfly (ci-dessous) pour transformer, sur la tablette, l'essai de la BD sur smartphone.
L'éditeur anglais Penguin pose la question du devenir du livre électronique "classique" en présentant des prototypes d'ouvrages aux allures d'applications. Et qui d'ailleurs seront vendus sur l'App Store plutôt que sur l'iBookstore.
Des chaînes de télé travaillent à contourner l'absence de Flash pour leurs vidéos. Des développeurs d'applications iPhone, petits ou grands, tiennent prêtes les versions iPad et se disent littéralement emballés par les perspectives techniques et la marge d'invention offertes par ce support à grand écran dont ils maîtrisent déjà les outils de développement. Un iPad qu'ils voient dépasser le seul cadre du grand public. Il suffit d'ailleurs de lire les réactions à ces deux interviews pour voir les commentaires de professionnels intéressés par cet engin.
En France aussi l'objet est attendu de pied ferme. Arnaud Nourry, le PDG d'Hachette Livres déclare que 8000 références pourraient être proposées sur l'iBookstore lorsqu'il ouvrira dans l'Hexagone.
Alain Weill, propriétaire de La Tribune, BFM TV/Radio, RMC et de 01 Groupe (Micro Hebdo, l'Ordinateur Individuel…), connu pour son appétence à chasser les coûts, voit dans l'iPad un facteur de bouleversement pour le paysage de la presse. Le papier, comme support de l'information, qu'il estime condamné à moyen terme "Le process industriel actuel où l'on produit des millions de copies avec au final 60 % d'invendus qui repartent en camion pour être détruits ou recyclés n'est plus une solution viable". Si l'iPad est encore pour lui un vecteur d'image avant d'être une vache à lait, il annonce deux applications BFM et la Tribune sur iPad d'ici la fin de l’année.
On n'oubliera pas le domaine du jeu, formidable pourvoyeur d'applications sur iTunes. Alexandre de Rochefort, vice-président de Gameloft, expliquait récemment que les jeux pour iPhone OS avaient pesé 14% de son chiffre d'affaires 2009, avec un pic à 22% sur une courte période (6% pour les jeux sur consoles DS et PSP sur la même année). Évidemment là aussi, les applications pour iPad, malgré les incertitudes sur ce que seront ses ventes, sont déjà en préparation.
À la convergence des fonctions et des usages que promeut l'iPad se joint donc la convergence des contenus et des soutiens venus de tous les horizons. L'iPhone à son lancement n'avait pas eu berceau aussi largement entouré. Tout paraît réuni pour un succès, mais en cas d'échec - à cause de cette ultime incertitude, cette variable aléatoire qu'est le client - le bruit sera assourdissant. La réponse viendra très vite, l'iPad n'a pas franchement été présenté comme un nouveau "hobby". Il n’avait rien de moins qu'une place réservée entre le Mac et l'iPhone. Steve Jobs a promis de la "magie", dans une semaine cette magie sera confrontée à la réalité et ce spectacle est très attendu…
Cela fait trois semaines que l'iPad est en précommande aux États-Unis. Apple, par le passé, n'ayant dévoilé des chiffres de vente qu'à l'issue du premier week-end, on ne peut que s'appuyer sur des confidences glanées par le Wall Street Journal. Le quotidien avançait que des centaines de milliers d'unités avaient été déjà réservées, avec comme scénario possible, de faire mieux que le premier iPhone, soit plus d'un 1 million d'exemplaires vendus en trois mois.
On pourrait alors revivre la même situation qu'avec l'iPhone où un produit Apple qui n'a été manipulé que par une poignée de journalistes, lesquels n'ont guère eu le temps d'en apprécier toutes les facettes, cartonne dès les premiers jours.
Plus dure sera la chute ?
Les critiques n'ont pas manqué autour de cette tablette. Certains questionnent son utilité même, coincée qu'elle serait entre des smartphones plus mobiles et des netbook ou des portables plus puissants et plus complets. L'absence du support de Flash serait un sérieux dos d'âne pour un appareil qui entend amener le web jusque dans le canapé.
D'autres pointent son équipement où font défaut webcam et port USB. Sans oublier que contrairement à un portable qui se suffit à lui-même, un iPad aura besoin de temps en temps de revenir à son port d'attache, PC ou Mac. iPad, animal nomade oui, autonome, non.
Dans le choeur des sceptiques, on pourrait également compter ceux qui trouvent l'appareil cher ou obligeant à un énième forfait pour utiliser sa version 3G, et ce, dans une période toujours marquée par la crise. Mais les résultats d'Apple le montrent chaque trimestre, elle évolue comme en lointaine orbite de ces contingences…
L'iPod et l'iPhone ont aussi essuyé des vagues de critiques à leur annonce, avec le résultat que l'on sait. Rien ne garantit toutefois que cet effet ricochet initié avec iTunes et l'iPod, poursuivi avec l'iPhone et l'App Store continue avec l'iPad. Personne à ce jour n'est devenu riche ou n'a marqué les esprits avec une tablette. Sur ce point, Apple va défricher un nouveau territoire. Mais elle ne part pas seule et c'est la grande différence avec le lancement de l'iPhone.
L'iPad, ce jeune héritier
Premiers avantages, l'iPhone et l'iPod touch ont éduqué des millions d'utilisateurs sur ce que l'on pouvait faire avec ces appareils. Le tactile, la distribution d'applications par iTunes, l'Internet partout tout le temps… Ensuite l'App Store est plein à craquer. Une partie du travail pédagogique n'est donc plus à faire, et ce n'est pas rien lorsqu'on lance un produit inédit. En regardant la publicité pour l'iPad tout est déjà familier, le terrain connu, si ce n'est que tout paraît plus grand, plus rapide, plus beau, plus confortable. La même chose que l'iPhone… en mieux.
L'autre sujet d'étonnement avec ces préparatifs d'avant lancement réside dans l'intérêt que ce produit suscite autour de lui alors, encore une fois, qu'il reste auréolé de mystères et de questions. Un espoir basé sur le désespoir grinceront certains : la presse papier va mal et se cherche de nouveaux supports, le livre numérique, lui, est en quête d'un champion à opposer à Amazon… Quels que soient les motifs, le résultat est là : l'iPad a déjà un comité de soutien tout disposé à satisfaire les besoins des clients (ou de leur en créer…) dans tous les domaines possibles. Le succès d'un produit technologique passe par la présence équilibrée de deux pôles, les fournisseurs (de contenus) et les consommateurs. Le premier pôle montre déjà une activité fébrile, pour le second, la bonne fortune d'Apple invite au moins à un (prudent) optimisme.
Ainsi, de grands quotidiens ou groupes de presse américains ont embrayé immédiatement derrière Apple pour adapter leurs contenus ou faire l'article des nouvelles possibilités offertes par la tablette à des annonceurs. Avec parmi eux des marques comme Coca-Cola, Toyota, FedEx prêtes à payer cher pour être les premières vues sur l'iPad.
Les chaînes semblent plus hésitantes à revoir leurs conditions tarifaires pour stimuler la vente de séries TV, mais du contenu télé et ciné, iTunes en a déjà.
Les principales maisons d'édition américaine ont aussi répondu présentes, trop contentes de trouver avec Apple un puissant allié pour renégocier avec Amazon les conditions de vente des livres électroniques. Des éditeurs de BD, eux, s'en remettent à des spécialistes comme Ave!Comics, Mobilire ou Panelfly (ci-dessous) pour transformer, sur la tablette, l'essai de la BD sur smartphone.
L'éditeur anglais Penguin pose la question du devenir du livre électronique "classique" en présentant des prototypes d'ouvrages aux allures d'applications. Et qui d'ailleurs seront vendus sur l'App Store plutôt que sur l'iBookstore.
Des chaînes de télé travaillent à contourner l'absence de Flash pour leurs vidéos. Des développeurs d'applications iPhone, petits ou grands, tiennent prêtes les versions iPad et se disent littéralement emballés par les perspectives techniques et la marge d'invention offertes par ce support à grand écran dont ils maîtrisent déjà les outils de développement. Un iPad qu'ils voient dépasser le seul cadre du grand public. Il suffit d'ailleurs de lire les réactions à ces deux interviews pour voir les commentaires de professionnels intéressés par cet engin.
En France aussi l'objet est attendu de pied ferme. Arnaud Nourry, le PDG d'Hachette Livres déclare que 8000 références pourraient être proposées sur l'iBookstore lorsqu'il ouvrira dans l'Hexagone.
Alain Weill, propriétaire de La Tribune, BFM TV/Radio, RMC et de 01 Groupe (Micro Hebdo, l'Ordinateur Individuel…), connu pour son appétence à chasser les coûts, voit dans l'iPad un facteur de bouleversement pour le paysage de la presse. Le papier, comme support de l'information, qu'il estime condamné à moyen terme "Le process industriel actuel où l'on produit des millions de copies avec au final 60 % d'invendus qui repartent en camion pour être détruits ou recyclés n'est plus une solution viable". Si l'iPad est encore pour lui un vecteur d'image avant d'être une vache à lait, il annonce deux applications BFM et la Tribune sur iPad d'ici la fin de l’année.
On n'oubliera pas le domaine du jeu, formidable pourvoyeur d'applications sur iTunes. Alexandre de Rochefort, vice-président de Gameloft, expliquait récemment que les jeux pour iPhone OS avaient pesé 14% de son chiffre d'affaires 2009, avec un pic à 22% sur une courte période (6% pour les jeux sur consoles DS et PSP sur la même année). Évidemment là aussi, les applications pour iPad, malgré les incertitudes sur ce que seront ses ventes, sont déjà en préparation.
À la convergence des fonctions et des usages que promeut l'iPad se joint donc la convergence des contenus et des soutiens venus de tous les horizons. L'iPhone à son lancement n'avait pas eu berceau aussi largement entouré. Tout paraît réuni pour un succès, mais en cas d'échec - à cause de cette ultime incertitude, cette variable aléatoire qu'est le client - le bruit sera assourdissant. La réponse viendra très vite, l'iPad n'a pas franchement été présenté comme un nouveau "hobby". Il n’avait rien de moins qu'une place réservée entre le Mac et l'iPhone. Steve Jobs a promis de la "magie", dans une semaine cette magie sera confrontée à la réalité et ce spectacle est très attendu…