L’année 2016 promet d’être chargée, il suffit de faire le tour des rumeurs pour s’en rendre compte. Apple n’a jamais été sur autant de fronts : Mac, iPhone, iPad, Apple Watch, Apple TV…
Comme elle a commencé à le faire l’année dernière, Apple pourrait être plus présente au premier semestre afin de répartir un peu mieux ces différentes annonces produits. L’événement du printemps pourrait consacrer l’Apple Watch 2, mais également l’iPad Air 3, l’iPhone 6c et qui sait de nouveaux Mac. L’événement de la rentrée serait réservé comme toujours à la préparation des fêtes de fin d’année avec l’iPhone 7 notamment.
Mais plus que la liste des produits qu’Apple va sortir dans les mois à venir, quels sont les enjeux et les défis qu’Apple devra relever cette année ? Ils sont nombreux et dans un contexte économique mondial qui pourrait être plus difficile que prévu, Apple pourrait connaitre son année la plus délicate depuis que Tim Cook est arrivé aux manettes.
iPhone : attention danger
C’est sans doute un jeu auquel bon nombre d’analystes jouent en cachette. Quand Apple va-t-elle annoncer pour la première fois de son histoire une baisse de ses ventes d’iPhone ? Les différentes rumeurs évoquant un fort ralentissement de la production des iPhone 6s rappellent à quel point les résultats financiers d’Apple dépendent du succès de son smartphone (lire : Foxconn : nouvelles inquiétudes autour des ventes d'iPhone 6s).
L’arrivée d’un successeur à l’iPhone 5c a sans doute été planifiée au printemps afin d’entretenir une dynamique tout au long de l’année. Avec l’iPhone 7, Apple espère sans doute pouvoir repartir sur un cycle.
Mais il ne faut pas perdre de vue que le marché des smartphones arrive petit à petit à maturité. Certes, il reste encore des poches de croissance notamment en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique (lire : L'Afrique et le Moyen-Orient, la « nouvelle frontière » pour l'iPhone), mais les années de forte croissance pour les smartphones sont derrière nous.
Quoi qu’il en soit, pour que 2016 soit une année réussie pour Apple, l’iPhone 7 a intérêt à mettre la barre très très haut. C'est d'autant plus vrai que les nouveautés des iPhone 6s et 6s Plus n'ont pas particulièrement marqué les esprits, malgré 3D Touch et l'enregistrement 4K.
Apple et le risque économique et géopolitique
La stratégie de Tim Cook pourrait être remise en cause. La Chine est la véritable locomotive d’Apple. C’est l’une de ses plus grandes réussites, mais à trop miser sur ce marché, un effet boomerang n’est pas à exclure.
Une grande partie de la croissance vient de l’Empire du Milieu. Le patron d’Apple a eu l’occasion de le répéter, le ralentissement économique de son deuxième marché ne l’effraie pas. Il part du principe que la classe moyenne chinoise, celle qui goûte à ses produits (et a les moyens de se les offrir), va continuer à croitre et par conséquent à acheter ses produits.
Toutefois, pour Apple, il y a le danger économique, mais également le danger politique à prendre en compte. Fin décembre, la Chine a fait voter une loi antiterroriste qui exige notamment des sociétés de technologie de l'information qu'elles ouvrent aux agences de sécurité un accès aux données sensibles, en leur livrant sur demande leurs clés de chiffrement (lire : La Chine fait voter une loi qui lui donne accès aux clés de chiffrement).
Apple va-t-elle faire une jolie entaille à ses principes (ce qui pourrait lui coûter très cher sur le plan de la communication) ou demeurer intransigeante quitte à se fermer des marchés ? Il y a sans doute des solutions intermédiaires pour ne pas perdre la face, mais les marges de manoeuvre sont très étroites. En Russie, Apple s’est exécutée et a décidé de stocker les données iCloud de ses clients dans un data center à l'intérieur du pays (lire : Apple se serait conformée à la loi russe sur le stockage des données).
L’une des clés pour Apple est sans doute de parvenir à investir de nouveaux marchés avec le même succès que pour la Chine. L’Inde fait l’objet d’un intérêt croissant de la part du Californien. Sur un marché aussi prometteur que difficile, tout reste à faire. La part de marché de l’iPhone avoisine tout juste les 2 % (lire : L'Inde s'arrache l'iPhone 6).
2016 : l’année du Mac
Après lui avoir beaucoup tourné le dos, le Mac pourrait faire son grand retour en 2016, aussi surprenant que cela puisse paraitre.
Alors que les poches de croissance se font plus rares en ce qui concerne l’iPhone, le Mac jouit actuellement d’un deuxième effet halo. L’iPhone et l’iPad ont poussé de nombreuses entreprises à reconsidérer le cas Apple. Et le Mac qui est longtemps resté à la marge des grands groupes fait l’objet d’un intérêt aussi vif qu’inattendu.
Dans le monde de l’entreprise, le cas IBM a fait l’effet d’une bombe : plus de 50 000 Mac installés en aout dernier, 1900 nouveaux Mac déployés chaque semaine et à la clé plus de 230 $ économisé par poste. Nous avons eu vent de nombreux autres exemples dans des proportions assez inimaginables il y a encore quelques années… Et maintenant qu’IBM se met à vouloir vendre du Mac.
L’autre vecteur de croissance pour le Mac, c’est « les marchés émergents ». Le MacBook y serait devenu la deuxième machine la plus populaire de la gamme Apple selon l’analyste Ming-Chi Kuo.
Pourquoi 2016 devrait-elle être une année intéressante pour le Mac ? Non seulement il se vend bien, mais de nouvelles technologies arrivent à maturité. L’USB-C, Thunderbolt 3 et Skylake arrivent à point nommé pour faire évoluer significativement la gamme. Et une refonte complète de la gamme des portables Mac suffirait à faire de 2016 une année intéressante. La nouveauté, cela pourrait être l’arrivée d’un portable 15” ultra-fin. Au CES, on a aperçu des ordinateurs de cette taille reprenant le concept du MacBook de moins d’un kilogramme sur la balance.
Enfin, les technologies évoquées ont également de quoi permettre une refonte du Mac Pro. Il n'est pas interdit de rêver…
Compléter le puzzle HomeKit
Avec iOS 8, Apple a lancé trois chantiers majeurs à long terme : Santé, Apple Pay et HomeKit. Le premier est intimement lié à l’Apple Watch. Le deuxième avance en fonction de l’avancée des négociations avec les banques. Le troisième a connu un important retard à l’allumage.
HomeKit a commencé à se concrétiser seulement à la rentrée. La technologie d’Apple est à la fois passionnante et frustrante, mais surtout elle n’en est qu’à ses balbutiements.
Il manque une ou deux pièces fondamentales au puzzle HomeKit comme notamment une brique logicielle (un Automator pour les objets connectés) et/ou un centre nerveux pour piloter l’ensemble de ses objets connectés. On pensait que ce rôle serait dévolu à l’Apple TV sortie l’année dernière, mais cela ne semble pas être le cas, du moins pour l’instant.
L’autre possibilité, c’est de laisser les bornes sans fil d’Apple prendre en main la maison connectée. À ce sujet, est-ce qu’Apple pourrait tirer parti du Wi-Fi 802.11ah, qui a justement été conçu pour l’internet des objets et dont les spécifications viennent juste d’être entérinées ?
Quoi qu’il en soit, l’édifice HomeKit est loin d’être achevé. Et on ne serait pas étonné que cela soit l’un des grands chantiers d’Apple dans iOS 10.
Trouver un autre best-seller que l’iPhone
Apple TV, iPad Pro, Apple Watch… En 2015, Apple a sorti beaucoup de nouveaux produits, mais quel est celui sur lequel le constructeur peut réellement compter à court et surtout à moyen terme ?
Aucun produit ne semble en mesure actuellement de soulager l’iPhone. L’Apple TV n’est a priori pas capable de devenir du jour au lendemain une activité capable de faire de l’ombre aux autres lignes comptables d’Apple. Le Mac a certes un potentiel, mais c’est un « business » mature. L’iPad peut rebondir avec l’iPad Pro, mais de là à enclencher une nouvelle dynamique…
Apple est-elle en manque de best-seller ? Il reste l’Apple Watch, dont il est bien difficile de cerner le potentiel commercial tant la firme de Cupertino ne dit pas grand chose.
Est-ce qu’une Apple Watch débarrassée de ses défauts de jeunesse est capable d’enclencher un cercle vertueux ? Elon Musk n’est sans doute pas loin de la vérité quand il affirme qu’il faudra attendre la troisième génération avant que l’Apple Watch ne devienne irrésistible.
Mais la sortie de l’Apple Watch 2 sera un vrai test tant sur le plan commercial que sur la capacité d’Apple à faire évoluer rapidement son produit et à éradiquer ses défauts de jeunesse.
Il est bien difficile de voir comment cette année va tourner pour Apple, mais elle s’annonce passionnante. L’un des autres aspects qui sera très intéressant à suivre, c’est de voir si Apple réussira à mener de front le développement de ses quatre plateformes logicielles : OS X, iOS, watchOS et tvOS. Pour les deux premiers, 2015 a été avant tout une année de consolidation. En 2016, Apple devrait approfondir de nouveaux terrains de jeu.